Le mal-épris / Bénédicte Soymier

Deuxième lecture de cette rentrée littéraire d’hiver, une lecture en apnée pour ce premier roman écrit par Bénédicte Soymier alias « Au fil des livres » sur Instagram où elles partagent ses lectures depuis un moment.

Elle nous raconte la vie de Paul. Voici l’incipit : « Paul n’est pas beau ». Ça commence fort ! Les phrases sont courtes. Le style direct nous touche en plein cœur.

Paul porte ce physique ingrat depuis toujours. La blessure est profonde, depuis l’enfance.

« C’est injuste et douloureux, chaque jour, chaque heure, cette laideur portée en fardeau. »

« Paul encaisse. Et se brise. »

Il travaille à la Poste. Il est toujours poli et avenant. Mais tout cela est une façade qui va craqueler au fur et à mesure avec les femmes de sa vie, en laissant apparaître une colère de plus en plus incontrôlable. Je ne vous en dévoile pas trop sur sa famille, sachez juste qu’il a un frère et deux sœurs, dont l’une qu’il voit régulièrement.

Il rencontre Mylène, sa voisine de palier. Elle est belle. Il devient obsédé par elle. Il l’épie et commence à remplir des carnets sur ses habitudes. Tous les soirs, il se poste à côté des boîtes-aux-lettres dans l’entrée de l’immeuble, à l’heure où elle rentre, afin de la voir et peut-être de lui parler. Et puis un soir, il ose l’inviter à boire un verre chez lui. Elle n’ose pas dire non et c’est ainsi que commence leur aventure qui se finira rapidement de façon abrupte. Une rupture, un refus qu’il aura du mal à encaisser, sombrant dans la dépression.

La deuxième partie du roman s’ouvre avec la rencontre d’Angélique. Elle effectue un contrat au guichet de la poste. Elle est petite, un peu ronde mais sexy et surtout rayonnante. Elle est mère célibataire et espère enfin sortir des petits boulots et galères. Mais elle a une fâcheuse habitude : vouloir sauver les gens.

Paul l’observe, la suit et tombe amoureux. Il se reprend en main, fait de la musculation afin de lui plaire et tente d’oublier Mylène. « Angélique sera son baume ».

Angélique n’est pas dupe mais elle a envie d’y croire à cette histoire d’amour. On assiste, la boule au ventre, à la chute de cet homme, à la montée de sa violence et surtout à la destruction d’Angélique. Avec ses mots, ses remarques blessantes quotidiennes, puis c’est une autre forme de violence qui explose dans les crises de folie et de colère.

Je m’arrête là et vous laisse découvrir ce roman glaçant et la troisième partie tout aussi surprenante. Ce qui est intéressant c’est que l’auteure nous donne le point de vue de celui qui bat, ce qui est rare. On a plutôt le point de vue des victimes habituellement. L’auteure précise bien en introduction que rien n’excuse la violence. Il y a aussi le regard des hommes sur les femmes, dérangeant.

Merci à Netgalley et aux éditions Calmann-Lévy pour cette lecture inoubliable.
Merci Bénédicte Soymier d’avoir pris la plume (ou le clavier) pour raconter cette histoire.

Note : 4 sur 5.

Mauvaises herbes / Dima Abdallah

Ce premier roman nous plonge dans le quotidien d’une famille à Beyrouth en 1983, donc au Liban en pleine guerre civile.

Le chapitres alternent entre la voix de l’enfant puis la voix de l’adulte. Chacun apporte son point de vue, ses sentiments, la façon dont il vit tout cela.

C’est un récit poignant, vu avec les yeux d’une enfant de 8 ans. Elle va avec la peur au ventre à l’école. Elle espère qu’on ne lui pose pas la question incontournable à laquelle elle ne sait répondre : de quelle confession est-elle ? chrétienne ou musulmane ? Elle n’est ni l’une, ni l’autre. Ses parents ne croient pas en Dieu. La famille de sa mère est un peu chrétienne et celle de son père un peu musulmane.

Selon la situation, sa mère montre ses papiers chrétiens ou musulmans. Elle est journaliste et professeure de français. Elle rentre souvent tard. C’est donc son père, écrivain, qui s’occupe d’elle et de son petit frère.

Elle essaie d’écrire des poèmes comme son père. Elle aime arroser les plantes sur le balcon avec lui. C’est son modèle, « son géant ».

« La poésie c’est peut-être ce qu’on écrit quand on n’arrive pas à pleurer comme les autres. »

Elle est différente des autres enfants. Elle est sensible. Elle a du mal à s’adapter à l’école dont elle ne comprend pas les règles. « Je suis un cube qu’on essaye de faire entrer dans le monde rond du matin au soir. »

Et un soir, elle n’arrive plus à effacer, oublier les moments difficiles de sa vie, la peur des bombes, des contrôles, les valises prêtes pour fuir à tout moment. C’est sa première crise d’angoisse. Son père impuissant, ne sait comment la rassurer. « J’aurais voulu être fort, et être fort, ici, c’est tuer, c’est torturer. »

Trois ans plus tard, elle part pour Paris avec sa mère et son frère, laissant son père au Liban.

Elle raconte alors sa vie à Paris, les choses qu’elle aime bien comme la bibliothèque de la rue Mouffetard où elle passe la majeure partie de son temps à lire des BD et des romans. Peu à peu elle oublie les mots arabes et ne parle plus qu’en français, elle perd son identité. On la voit ainsi grandir, abandonner l’école, partir pour se perdre alors que les crises d’angoisses sont toujours présentes. Père et fille n’arrivent pas à se parler, ils s’écrivent. Il boit beaucoup. On assiste à sa lente chute.

Un texte délicat, plein de grâce et de poésie, bouleversant. Elle a reçu le prix « envoyé par la Poste » 2020.

« la mémoire est une affaire délicate. La mémoire, c’est peut-être bien ce qu’il y a de plus important, c’est ce qui définit en grande partie toute humanité. » 

Note : 4.5 sur 5.

Chicago / Marion Richez

Le lecteur découvre Ramona, une jeune femme venue d’Europe pour enseigner à Chicago. Elle est solitaire, a du mal à s’adapter et s’intégrer. Elle va rencontrer un jeune homme lors d’un concert à l’opéra, Jon.

Jon est garagiste, lui aussi est enfermé dans sa solitude et sa difficulté à aller vers les autres, sorte de timidité. Il va faire la connaissance de Suzanne, esthéticienne, la cinquantaine.

Et puis les trois personnages vont sortir ensemble un soir et ensuite passer tous leurs week-ends ensemble. Ramona et Jon pourrait être amoureux l’un de l’autre mais sans la présence de Suzanne ils n’arrivent pas à se parler, à être ensemble.

On les suit donc tous les trois dans leur découverte de la ville de Chicago pendant un an, jusqu’au jour où Ramona retourne dans son pays et où Suzanne part sans prévenir, rattraper par son secret qu’elle ne veut pas révéler à Jon et Ramona.

J’ai bien aimé aussi le personnage de Josepha, une cliente de Suzanne, qui se sent revivre après chaque manucure. Les mains de Suzanne ont une « chaleur guérisseuse ».

Un roman sur l’amitié, très court (135 pages), tout en délicatesse, avec des personnages attachant. A découvrir !

Note : 4 sur 5.

Sale bourge / Nicolas Rodier

Le roman s’ouvre d’emblée sur le « dénouement ». Pierre, 33 ans, sort du tribunal. Il vient d’être condamné à 4 mois de prison avec sursis pour violence conjugale, assortis d’une mise à l’épreuve de 18 mois et d’une injonction de soins.

Ensuite l’auteur tente de nous expliquer comment le personnage en est arrivé là. Pierre nous raconte son enfance, ses souvenirs douloureux lorsque sa mère le gifle et lui hurle dessus. Il est né en 1983 et il est l’aîné d’une fratrie de 6 enfants. Certaines scènes familiales se reproduisent à l’identique chez ses cousins-cousines. L’héritage familial pèse lourd Il y a des non-dits, des secrets de famille.

Pierre grandit dans un milieu catholique bourgeois où les blagues racistes sont monnaie courante. Son père travaille beaucoup. C’est sa mère qui s’occupent d’eux, mais elle s’avoue fatiguée. Elle aimait beaucoup son grand-père maternel décédé trop tôt et pleure à chacune de ses évocations.

Pierre est premier de sa classe, il obtient le prix d’excellence à la fin du CM1. Ses parents ont des ambitions pour lui, qu’il n’a pas. Son adolescence sera marquée par l’alcool et la drogue. Je vous laisse découvrir la suite par vous-même. Mais les frères et sœurs de Pierre sont eux aussi très marqués par leur éducation. Olivier, le cadet de 3 ans de Pierre, sera hospitalisé en psychiatrie pour dépression sévère et anorexie mentale.

Bref une ambiance pas très joyeuse, Pierre est sujet aux angoisses. Il se résoudra à aller voir un psychiatre. Il connaîtra des moments de bonheur et d’apaisement avec Maud qu’il épousera. Avant d’être rattrapé par son agressivité.

Certaines phrases vous glacent le sang. Le père dira notamment « La famille, c’est comme une meute, c’est fait pour se serrer les coudes ». Ou encore « Les problèmes on les règles en famille, pas avec la police ! » Aucun écart ne sera toléré, tout sera relevé et critiqué. Comment grandir et se construire dans cette atmosphère familiale étouffante ? Impossible pour Pierre et sa fratrie de s’en sortir indemnes. Ils seront tous névrosés.

Une policière lui dira « Vous savez, les enfants battus reproduisent souvent de la violence dans leur vie d’adulte. » Est-ce que cela peut excuser sa violence ? C’est le juge qui répondra à cette question : « personne, en aucun cas, ne mérite d’être frappé. »

Un roman intéressant mais qui n’est pas un coup de cœur pour moi. L’écriture est simple et directe, elle sert bien le propos.

Et vous, l’avez-lu ? Qu’en avez-vous pensé ?

Note : 3.5 sur 5.

L’atelier des sorciers / Kamome Shirahama

Avec ma fille, nous entamons une lecture commune d’une série de mangas.
Nous avons déjà dévorés les 3 premiers tomes, il y en a 7 pour l’instant et la série n’est pas terminée.
Fans de Harry Potter, ce manga devrait vous plaire 😉
Il est question de magie ✨
Une jeune fille, Coco, achète un livre de magie à un drôle d’homme. Elle est fascinée par la magie mais elle n’est pas une sorcière. Dans son monde, on né sorcier ou on ne l’est pas.
Un jour elle tente de reproduire un des dessins du livre et sa vie s’en trouve chamboulée. Le sorcier Kieffrey la prend alors sous son aile ou plutôt comme apprentie afin de lui apprendre à maîtriser la magie et inverser le sort interdit qu’elle a jeté.
Ici les sorts sont dessinés avec une plume sur une feuille. Chaque symbole, trait a une signification.
J’ai surpris ma fille avec son stylo à encre essayant de reproduire les dessins dans son cahier 🤣
Bref on est à fond ! 💕

Note : 5 sur 5.

L’hiver dure 90 jours / Claire Audhuy

Dans ce recueil de poésie, l’auteure raconte la perte d’un ami, Bartek, lors de l’attentat de Strasbourg le 11 décembre 2018.
En peu de mots, elle réussit à transmettre ses émotions, le chamboulement de cet événement dans sa vie mais aussi dans la vie de nombreux Strasbourgeois.
C’est beau, émouvant.
Elle retrace tous les moments qui suivent l’annonce par les médias : les visites à l’hôpital, les nombreux messages déposés sur le lieu du drame, le chat resté dans l’appartement, la douleur, l’attente, les souvenirs.

Extraits :

« Ta maman
si belle
à écrit pour Noël
sa compassion
pour tous

Ce qui restera
ce sera cette beauté
de ta maman
de toi
votre beauté

« Ne pas nous mettre au niveau de la violence
au risque de faire gagner la violence deux fois »
ce n’est pas l’Évangile
c’est mon ami le psychiatre »

📚
« J’ai perdu
mon ami
et aussi
un peu
ma ville »
📚

Note : 5 sur 5.

A la piscine avec Norbert / Véronique Pittolo

Merci aux éditions du Seuil pour l’envoi de ce livre dans le cadre de Masse critique. Sa parution est prévue le 7 janvier 2021.

Un roman court et drôle dont les chapitres s’enchaînent rapidement avec une certaine légèreté. Le résumé sur la quatrième de couverture résume assez bien le livre.

La narratrice est une femme de 50 ans, dépendante au sexe. Elle raconte ouvertement sa vie, sans tabou, et notamment sa rencontre avec Norbert sur Meetic.

« Ma semaine s’organise en promenades, rangement, piscine, tchats sur les sites de rencontre. En un clic, je converse avec Norbert qui aime les félins. Aujourd’hui nous prolongeons l’échange dans un jardin public, puis il accepte de m’accompagner pour quelques longueurs de piscine. Le filtre de l’écran a disparu entre nous (je n’ai plus besoin du virtuel…). »

Le roman s’ouvre sur un dialogue entre elle et Norbert où ils s’interrogent sur le calcul de leur retraite. Elle imagine alors quel complément de retraite elle pourrait trouver : « je pourrais sous-louer mon chat à temps partiel et garder ceux des voisins ».

Trois fois par semaine elle va donc à la piscine pour conserver sa ligne, éviter de vieillir. Elle nous raconte un peu l’histoire du maillot de bain et du bikini.

« Dès que j’émerge du grand bassin, je me sens charmante (les gens ne le remarquent pas, mais je sais que je suis plus avenante qu’avant la phase nautique de la journée). L’apparence compte pour une femme, son bien-être et sa réussite. Si je suis jeune, que j’utilise Narta, on me remarquera beaucoup plus que si je suis vieille et transpirante. »

Elle parle de sexe, crument, et évoque tous ses amants. C’est une des raisons pour laquelle je ne l’aurais pas choisi de moi-même. Ce livre ne parle pas que de ça, elle aborde plein de sujets, comme les gilets jaunes, l’incendie de Notre-Dame, les migrants, les retraites de patrons du CAC40, le féminisme.

J’ai bien aimé cette radiographie à un instant T (2019) de la relation homme-femme. Il y a un côté sociologique sur les sites de rencontres. Norbert lui conseille de créer un profil masculin pour « observer les femmes de l’autre côté ». Elle crée donc son profil d’homme et se trouve assez vite déçue. Elle dit que les rendez-vous remplacent désormais les séances de psychanalyse. Quand elle rencontre un nouveau partenaire potentiel, il lui déballe toute sa vie.

Ce roman se lit facilement et très vite. J’ai ri souvent. Mais ce n’est pas un livre qui va rester dans ma mémoire de lectrice.

Note : 3 sur 5.

Pacifique / Stéphanie Hochet

Le roman se passe pendant la seconde guerre mondiale, au Japon. On suit les dernières heures d’un jeune soldat japonais, Isao Kaneda, qui va effectuer son ultime vol et s’écraser sur un navire américain. Il revient sur son enfance passée auprès de sa grand-mère. Il nous aide à comprendre le sens du sacrifice de son peuple. Il s’interroge bien évidemment sur ce destin de kamikaze alors qu’il pensait devenir un grand pilote. Son esprit passera de son sens de l’honneur à son envie de vivre. Et puis la mission ne se passe pas comme prévue. Il atterrit en urgence sur une petite île, loin de la guerre, où vivent des japonais organisés en communauté.

A travers ce roman, on découvre la culture japonaise en 1945, un jeune homme sommé de grandir bien trop vite et de se montrer brave alors qu’il est terrorisé par sa fin proche.

Le livre est court. C’est un beau roman, touchant et poétique. J’ai beaucoup aimé l’écriture douce de Stéphanie Hochet. Je m’en vais de ce pas voir les autres ouvrages de cette auteure.

Découvrez cette auteure grâce aux rencontres « Un endroit où aller » :

Note : 4 sur 5.

La cuillère / Dany Héricourt

Seren, jeune femme de 18 ans, est le personnage principal de ce roman.  Son père vient de mourir et elle découvre une cuillère posée sur la table de chevet. Une cuillère qu’elle n’a jamais vue et qui l’intrigue. Elle va quitter l’hôtel familial au Pays de Galle pour se rendre en France sur les traces de cette cuillère.

Sa famille est décrite comme spéciale, plutôt décalée mais toutefois attachante. Sa mère est très amoureuse de son père, ils ont une différence d’âge. Elle a deux demi-frères dont un qui semble avoir un handicap mental. Ses grands-parents maternels, Nanou et Pompom, vivent également avec eux et participent à la tenue de l’établissement hôtelier.

Ils ont des clients LTC ou « Long Temps Clients » qui viennent chaque année Ils veulent rendre hommage au père en organisant une cérémonie funéraire et en faisant graver une plaque à son nom sur un banc surplombant la falaise à 500 mètres de l’hôtel.

Depuis la mort du père, la grand-mère est bouleversée et ne parle plus qu’en gallois. Difficile de la comprendre.

Seren ne sais pas quoi faire de sa vie. La seule chose qu’elle sait faire c’est dessiner mais elle n’a pas une très haute opinion de ses créations. Elle s’inscrit dans une école d’art pour la rentrée. En attendant, c’est l’été et nous la suivons à bord de la vieille Volvo héritée de son père sur les chemins de Bourgogne. Elle va faire des rencontres, aller de château en château pour retrouver les armoiries dessinées sur la cuillère et dessiner encore et encore cette cuillère.

Les chapitres alternent avec des extraits d’un livre, « Mémoires de collectionneur », du colonel Montgomery Philipps.

Un road-trip loufoque, où Seren va affronter ses peurs, grandir, trouver l’amour et le passé incroyable de cette cuillère !

Un premier roman plein de poésie et d’humour avec une écriture singulière.

Sa famille est décrite comme spéciale, plutôt décalée mais toutefois attachante. Sa mère est très amoureuse de son père, ils ont une différence d’âge. Elle a deux demi-frères dont un qui semble avoir un handicap mental. Ses grands-parents maternels, Nanou et Pompom, vivent également avec eux et participent à la tenue de l’établissement hôtelier.

Ils ont des clients LTC ou « Long Temps Clients » qui viennent chaque année Ils veulent rendre hommage au père en organisant une cérémonie funéraire et en faisant graver une plaque à son nom sur un banc surplombant la falaise à 500 mètres de l’hôtel.

Depuis la mort du père, la grand-mère est bouleversée et ne parle plus qu’en gallois. Difficile de la comprendre.

Seren ne sais pas quoi faire de sa vie. La seule chose qu’elle sait faire c’est dessiner mais elle n’a pas une très haute opinion de ses créations. Elle s’inscrit dans une école d’art pour la rentrée. En attendant, c’est l’été et nous la suivons à bord de la vieille Volvo héritée de son père sur les chemins de Bourgogne. Elle va faire des rencontres, aller de château en château pour retrouver les armoiries dessinées sur la cuillère et dessiner encore et encore cette cuillère.

Les chapitres alternent avec des extraits d’un livre, « Mémoires de collectionneur », du colonel Montgomery Philipps.

Un road-trip loufoque, où Seren va affronter ses peurs, grandir, trouver l’amour et le passé incroyable de cette cuillère !

Un premier roman plein de poésie et d’humour avec une écriture singulière.

Note : 4 sur 5.

Les lettres d’Esther / Cécile Pivot

Esther est libraire à Lille. Elle propose un atelier d’écriture sur le thème de la correspondance donc à distance. Une seule rencontre est prévue à Paris pour que chaque participant puisse choisir deux correspondants et donner la réponse à la question posée par Esther : « Contre quoi vous défendez-vous ? »

Il y a Jean, la cinquantaine, homme d’affaire voyageant beaucoup, vivant de défis professionnels mais dont la conscience n’est pas tranquille. Il vit seul. Il est divorcé et n’a pas su tisser de complicité avec ses enfants.

Samuel, jeune garçon, dont la famille est dévastée par tristesse suite au décès de son grand frère à cause d’un cancer. Il ne sait pas quoi faire de sa vie.

Jeanne est la plus âgée du groupe. Elle est veuve. Elle vit seule à la campagne et sa fille la fuit.

Juliette et Nicolas sont un couple en crise suite à la dépression post-partum de la jeune femme.

Chacun a des blessures intérieures : un deuil, une dépression, l’absence d’un être cher.

Bien qu’habitant dans la même ville, Esther avait l’habitude d’écrire à son père tous les jours. Mais cette correspondance a subitement cessé avec sa mort (suicide).

Ce roman nous plonge dans la lenteur, lenteur de la lettre par rapport à l’hyper-connectivité actuelle, lenteur de la réponse attendue, lenteur du cheminement…

Les personnages reprennent l’habitude d’écrire, se confient, se découvrent. Des liens vont se créer entre eux. Esther leur conseillera des lectures pour certains exercices comme l’écriture de dialogues.

Une ode à l’écriture comme vertu thérapeutique et une ode à la littérature. Un roman emplit de nostalgie, de douceur et de sensibilité. L’écriture de Cécile Pivot est simple et agréable. J’ai eu de nombreux correspondants quand j’étais enfant, adolescente. Ce roman me redonne envie d’écrire et d’envoyer des lettres.

J’aurais aimé me concentrer sur une ou deux correspondances mais pas sur autant d’échanges à la fois, même s’ils se complètent. Je ne me suis pas trop attachée aux personnages. Mais le passage de la cabine japonaise pour parler à ses défunts est très touchant. La fin est trop « happy end » à mon goût, ce qui rend l’histoire moins « plausible ». En résumé, j’ai passé un bon moment avec ce roman, mais je n’ai pas eu de gros coup de cœur.

Une collègue m’a chaudement recommandé son précédent roman. Je l’ai ajouté à ma liste d’idées de lecture. A suivre…

Merci à Netgalley et à Calmann-Lévy pour cette lecture.

Note : 4 sur 5.