Constance raconte l’histoire de son père, Jacques. Elle a essayé de se mettre à côté de lui, au plus proche et non à sa place. Elle a comblé les silences pour nous offrir cette autofiction romancée.
En 1968, les parents de Constance quittent Nice pour habiter à Paris. Ils sont tous les deux professeurs. Là-bas, son père va enfin oser vivre sa sexualité. Il est homosexuel mais à l’époque c’est une réalité qu’on cache car elle est répréhensible. De plus, dans sa famille, c’est inacceptable, inavouable. Bertrand, son petit frère, a été pris en flagrant délit avec un autre garçon et il a été exilé de la famille.
Vers l’âge de 7 ans, Constance remarque que son père est de plus en plus absent. Il finit par quitter Lucie pour s’installer avec l’homme qu’il aime, Ivan. Une histoire d’amour qui durera 12 ans. C’est le début d’une vie entre deux appartements pour Constance. Sa mère sombre dans la dépression.
Jacques et Ivan partent en voyage aux Etats-Unis. Ils comparent les mœurs américaines avec les nôtres : « Ici, la liberté sexuelle est réelle, même les gays sont meurtris par l’assassinat de Harvey Milk un an plus tôt. »
A 50 ans, il rencontre Sören, ce sera son dernier amour. Celui qui l’accompagnera durant la progression de sa maladie, jusqu’au bout. En 1988, il a peur de faire le test du sida, à juste titre.
Il décide de ne rien dire à sa famille et ses amis, mais en 1991 les symptômes sont omniprésents, son état se dégrade.
Constance dit ses difficultés d’être entendue dans ces histoires de grandes personnes, ces mensonges d’adultes. Ce n’est pas si facile de grandir et de se construire quand les repères changent ainsi. Elle parle de son adolescence, de ses premiers amours, de son rapport à son corps. L’amour était plus important que son père, sa mère ou ses études.
Elle rend un vibrant hommage à son père. Elle parle aussi de toute sa famille. Dans ce roman, elle donne la parole aux enfants, une époque où on ne les écoute pas. Qui se soucie de savoir ce qu’elle pense ?
Elle évoque avec nostalgie leurs dernières vacances avant la maladie, l’insouciance. Il y a de nombreux passages poétiques, magnifiques, emplis d’amour, de tendresse et de lumière.
Les chapitres sont courts. Le livre se lit vite, un peu trop à mon goût. J’aurais aimé passer encore un peu de temps avec Constance et Jacques. Alors je le relis et j’apprécie. Bref, un coup de cœur.
Les 68 ayant adoré son précédent roman, « Le matin est un tigre », je l’ai noté sur ma liste de livres à lire.
J’ai très envie de le lire 🙂
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