Quel plaisir de retrouver la plume de Jean-Baptiste Andrea. C’est l’un de mes auteurs chouchous.
Au début du roman, le lecteur fait connaissance avec Joseph. Il préfère qu’on l’appelle Joe. Ce vieil homme joue du piano dans les gares et les aéroports, uniquement du Beethoven. Ces pianos mis à disposition du public dans les halls. Et les gens s’arrêtent pour l’écouter car c’est un virtuose. Certains, incrédules, lui posent des questions. Comment un musicien aussi talentueux se retrouve à jouer dans cet endroit et pas sur une scène ? Alors Joe raconte sa vie autour d’un café.
Sa vie avait plutôt bien commencé. Sa famille vivait aisément, en région parisienne. Il prenait des cours avec M. Rothenberg, un professeur exigeant. Insouciant, il ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait d’avoir des parents et une petite sœur, certes embêtante.
Du jour au lendemain sa vie va basculer et il va devenir orphelin à 16 ans. En 1969, il est envoyé dans un orphelinat dans les Pyrénées, les « Confins ». Ce pensionnat de garçons est géré par l’Abbé Senac et Grenouille, un surveillant ancien légionnaire.
La vie y est rude, les coups et les privations sont monnaie courante. Le temps est rythmé par les messes, les cours et les corvées. Il se fait des ennemis et des amis, mais à la première difficulté c’est « chacun pour soi ». Joseph va de désillusion en désillusion. Ce n’est pas la voie qui lui était tracée. L’abbé lui refuse tout traitement de faveur et surtout l’accès au piano du pensionnat.
Il va faire la connaissance de Rose. Une jeune fille de son âge, riche, dont le père est un bienfaiteur, riche donateur pour les Confins. L’abbé propose que Joseph donne des cours de piano à Rose. Il espère ainsi que son père sera davantage généreux. Rose et Joseph se déteste et se le disent sans détour.
Joseph apprend peu à peu à connaître chacun des pensionnaires. Tous rêvent d’une autre vie et s’inventent des vies. Ces enfants sont attachants, découvrez Sinatra, Souzix, Edison, La Fouine et Momo, les compagnons de Joseph. Jean-Baptiste Andrea est un magnifique conteur. On s’imagine aisément toutes les scènes du roman. Le lecteur peut à la fois être ému et sourire. Difficile de lâcher ce roman sans l’avoir terminé. Ce livre a un petit côté « Les choristes » avec cette bande de garçons faisant les 400 coups. Un beau roman, tendre, qui oscille entre humour et poésie, en faisant une belle place à la musique. Et ce n’est qu’à la toute fin qu’il vous révèlera pourquoi il joue sur ces pianos tous les jours.
Ce roman a déjà obtenu le Grand Prix RTL-Lire Magazine littéraire en 2021 et il est en lice pour d’autres prix.
Un coup de cœur pour moi !
Un avis sur « Des diables et des saints / Jean-Baptiste Andrea »