Requiem pour une apache / Gilles Marchand

Le narrateur raconte la légende de Jolene, « meneuse d’une troupe d’insurgés ». Une dizaine d’anti-héros vivent dans un hôtel. Les 100 premières pages brossent le portrait de chacun et posent le mystère qui entoure le personnage central de cette histoire.

Le narrateur fait partie des occupants de l’hôtel et raconte ce qu’il sait de Jolene et des événements qui se sont déroulés.

On la surnomme Jolene (ce n’est pas son vrai nom). Elle est caissière et n’a pas eu une vie facile. Elle est ronde, mal habillée, n’a pas rencontré l’amour et vient se réfugier dans ce restaurant-bar-hôtel comme tous les autres paumés de cette histoire : Wild Elo, Marcel, Jésus, Mario, Annie, Bonnie et Clyde, Antonin, Vieux-John, Marie-Pierre, Joséphine, Suzanne, Paul, Alphonse, sans oublier Gérard.

Jusqu’au jour de l’événement déclencheur, que je ne vous dévoilerais pas, où Jolene va se métamorphoser progressivement en légende, en cheffe d’insurgés. C’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase et Jolene va se révolter en entraînant les autres.

L’hôtel va être surveillé par la police, pointé par l’association des riverains.

La colère va grandir. La rumeur va se propager et ce sont bientôt tous les recalés de la société qui vont défiler : les roux, les bègues, les gros, les maigres, les handicapés, etc. pour former une sorte de communauté. L’alcool coule à flot. Jolene n’a pas les mots pour s’exprimer. S’ajoute à cela la fatigue, et vous comprendrez peut-être les décisions insensées de ce groupe.

La musique joue aussi un rôle dans le roman. Il y a un juke-box dans la grande salle de l’hôtel. Certains personnages ont une histoire avec une chanson. C’est le cas par exemple de Jolene, qui met toujours la même chanson : Jolene de Dolly Parton, d’où son surnom.

Il y a de nombreuses références et anecdotes, des extraits de poèmes. Bref ça fourmille et c’est plaisant.

Ce roman est prenant, décalé et amusant. L’écriture est fluide et enlevée. J’ai passé un excellent moment en compagnie des personnages de Gilles Marchand. Il a un don pour les portraits. Je me suis vraiment attachée à cette bande de mal-aimés, en marge de la société. Chaque personnage est singulier. Certains passages sont burlesques et pourraient être adaptés en film.

Une belle découverte littéraire pour moi qui me donne envie de lire ses précédents romans.

Voici donc une belle découverte de cette rentrée littéraire 2020 que je vous conseille !

#Explolecteur #RL2020

Note : 5 sur 5.

Une bête aux aguets / Florence Seyvos

Un roman court et intriguant sur le sujet de la schizophrénie. Un sujet singulier qui n’attirera pas tous les lecteurs au premier abord mais l’écriture de Florence Seyvos vous plongera sans nul doute dans l’univers mystérieux d’Anna. Et comme moi, il vous sera impossible de lâcher le roman, de laisser Anna en proie à ses doutes et aux aguets de cette bête.

Au début du roman, elle a 12 ans. On la découvre fiévreuse, atteinte de la rougeole. Sa mère appelle un médecin qui lui prescrit des médicaments qu’elle devra prendre toute sa vie. Elle ne doit pas oublier de prendre régulièrement ses pilules blanches et bleues. Elle veut comprendre à quoi servent ces pilules et va en prendre de moins en moins pour en connaître les effets. On la voit grandir, devenir adolescente.

Anna vit donc dans la peur, la solitude et l’incompréhension. C’est une expérience incroyable que nous offre Florence Seyvos à travers ce roman : essayer de comprendre ce que peuvent ressentir les personnes atteintes de maladies psychiatriques.

L’écriture est magnifique. J’ai noté depuis un moment dans ma liste de livres à lire l’un de ses précédents romans, « le garçon incassable ». Du coup j’ai très envie de le lire et de me replonger dans son écriture.

#RL2020

Note : 4 sur 5.

Elle a menti pour les ailes / Francesca Serra

Les première pages (descriptions) ont eu un peu de mal à attirer mon attention et puis rapidement je me suis laissée prendre par ce roman. J’ai voulu savoir ce qu’il adviendrait de cette adolescente, Garance, en seconde, se mêlant à un cercle d’élèves de terminal. La présence des réseaux sociaux est omniprésente. Elle régit la vie de ces jeunes nés avec Internet. Garance est prête à tout pour attirer l’attention de Vincent. Au bout de 100 pages, on sait déjà que Garance va disparaître mais le reste est à découvrir dans les 370 pages suivantes qui se dévorent à toute allure.

Garance vit seule avec sa mère, professeure de danse. Elles se voient et échangent peu. Elle vit de façon plutôt fusionnelle avec sa meilleure amie, Souad, jusqu’à son invitation assez inattendue à la fête de Maud, « the place to be », avec les élèves de terminal. Elle est également sélectionnée pour participer à un concours de mannequinat.

Sa vie est donc rythmée par la dance, le lycée et ses conversations avec Souad, jusqu’à cette soirée où tout va basculer et où elle avouera avoir fait des mauvais choix.

L’auteure insère des échanges de messages via les réseaux sociaux entre les jeunes avec l’écriture SMS que l’on connaît. J’ai trouvé que cela apportait un plus au roman.

J’ai aimé la plongée dans la psychologie de ces adolescents en proie au doute, toujours à la recherche de reconnaissance de leurs pairs. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est très bien évoqué. On sent la rupture avec l’enfance et malgré tout la jeunesse de Garance synonyme d’inexpérience et d’immaturité. Elle a encore un peu de chemin à parcourir avant le monde des adultes.

Au fur et à mesure de l’avancée dans le roman, le lecteur obtient des indices pour comprendre l’histoire réelle de ce qui est arrivé à Garance. On patauge, comme les policiers qui la recherche, mais on vibre à chaque nouvel élément ou vérité qui émerge. Aucun de ces adolescents ne détient toute la vérité dans cette affaire.

La fin comporte quelques longueurs, j’aurais voulu que le « calvaire » de Garance prenne fin plus rapidement, le dénouement se faisant trop attendre à mon goût.

J’ai trouvé ce roman très intéressant par son sujet. Il traite du cyberharcèlement chez les jeunes. J’ai été agréablement surprise par ce premier roman. Quelle maîtrise déjà dans l’écriture !

Je vous recommande sa lecture 😀

#Explolecteur #RL2020

Note : 4.5 sur 5.

A la première étoile / Andrew Meehan

Le roman tel un puzzle, donne des informations au compte-goutte sur le personnage central de cette histoire. Le lecteur entre dans la vie d’Eva une Irlandaise vivant à Paris. Sa particularité est qu’elle est amnésique et inapte en société. Cela donne des scènes assez saugrenues, comme quand elle se lave les cheveux avec du produit vaisselle.

Elle a été recueillie par Sego dans son restaurant où elle devient plongeuse. Un jour, elle croise un homme devant une pâtisserie. Elle se souvient avoir aimé cet homme. Elle part à sa recherche. Elle pense retrouver son identité en découvrant son passé. Elle a souvent des migraines. Au fur et à mesure qu’elle avance, elle se demande s’il y a un moyen de choisir ce dont elle veut se souvenir afin d’éviter les mauvais souvenirs, ceux qui font souffrir. Eva est imprévisible. Ses réactions déconcertent. Elle ressemble à une chose fragile mais je ne l’ai pas trouvée attachante pour autant. Je n’entrerai pas d’avantage dans le contenu et les personnages, au risque de trop vous en dévoiler. 

Il y a aussi Daniel, un Américain. Il travaille dans le même restaurant mais en salle au service. Il est amoureux d’Eva et prend soin d’elle. Les parents d’Eva l’ont chargé de la surveiller.

Eva va trouver un carnet dans la salle de bain de Sego. Il s’agit de son propre journal intime. Le roman alterne entre le point de vue d’Eva, de Daniel et des extraits du carnet. 

Avis assez mitigé. Je n’ai pas été franchement emballée par l’histoire, ni l’écriture (ou peut-être la traduction). L’auteur est scénariste, peut-être cela a-t-il une influence sur son écriture ? Le lecteur est tout aussi confus que le personnage principal, peut-être est-ce une façon de le faire entrer dans la psychologie du personnage. Ce n’est pas un roman classique c’est sûr, il y a un style particulier mais auquel je n’accroche pas. Peut-être vous plaira-t-il.

Le roman se lit bien, on a tout de même envie de savoir ce qui est arrivé à Eva.

#Explolecteur #RL2020

Note : 2.5 sur 5.