C’est l’histoire de Gifty et de sa famille émigrée du Ghana aux USA. Tout commence par le rêve américain de sa mère qui gagne sa carte verte à la loterie. Aujourd’hui Gifty a 28 ans et elle est étudiante en doctorat de neuroscience. Elle fait souvent le parallèle entre ses études menées sur les cerveaux des souris et sa vie. Sa mère fait une dépression et elle décide de l’accueillir dans son studio.
On découvre par flashbacks différents moments de sa vie, sa relation avec sa mère, dure, très croyante. Son enfance est pauvre et marquée par le racisme ainsi que par la mort de son frère aîné, Nana, lorsqu’elle a 10-11 ans. Son père est très vite reparti au Ghana, ne supportant pas les emplois sous-payés et humiliants, les seuls accessibles aux noirs. Sa mère est aide-soignante et aide à domicile pour des personnes âgées. Yaa Gyasi dénonce à travers la mère ce dur métier peu considéré.
C’est la mort de son frère à 15 ans par overdose suite à une addiction à un antidouleur qui va faire basculer toute la vie de sa famille. Gifty consignera tous ces moments durs et honteux dans son journal intime. Notamment une conversation marquante avec sa mère :
« Tu sais que je ne voulais pas d’enfant après Nana ? Je ne désirais que Nana et maintenant je n’ai que toi. »
Au fil des pages on se rend compte que Gifty n’a pas choisi ses études au hasard. Elle veut trouver des réponses et savoir comment aider des personnes ayant des addictions ou dépressives. Elle aura toujours des difficultés à se faire des amis, à faire confiance à se camarades ou à son petit ami, déçue par la vie et n’ayant eu comme modèle que sa mère. Une mère qui ne pleure pas et retient tout en elle.
Gifty mène des recherches sur la dépression ou l’anhédonie. Elle parle des évolutions des soins psychiatriques. Elle évoque aussi à plusieurs reprise l’opposition entre religion et science. Par moment le texte devient philosophique, mais sans prise de tête rassurez-vous !
La religion et notamment la foi en Dieu tient une place importante dans le roman.
Yaa Gyasi aborde un thème dont j’ai peu lu d’écrits, la crise des opiacés qui est la première cause de décès aux Etats-Unis. Elle en parle comme d’une vraie maladie à prendre au sérieux.
L’écrivaine met en avant également un problème de société qui est plus que d’actualité avec le mouvement « Black Lives Matter », le racisme et ses effets traumatisants sur plusieurs générations.
Il y a des extraits du journal intime de Gifty. Les chapitres sont courts, l’écriture est agréable à lire, le personnage est attachant, bref ce livre se dévore tout seul ! Les sujets abordés sont graves mais l’écriture dynamique et légère de Yaa Gyasi vous emportera dans l’histoire de Gifty à coup sûr.
J’ai trouvé des références à Toni Morrison et je pense que Yaa Gyasi sera certainement une grande écrivaine américaine. J’ai très envie de lire son précédent livre, « No Home » pour lequel elle a eu de nombreux prix.
Ce roman est encore une belle découverte de cette rentrée littéraire, un vrai coup de cœur.
#Explolecteur #RL2020
J’ai déjà vu beaucoup de critiques positives de ce roman, il faudrait qye je songe à le lire…
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Je l’ai terminé hier. J’ai adoré. Un roman très riche du fait des interrogations qu’il suscite par rapport à la religion, le thème des addictions, de l’intégration…
J’avais déjà adoré le précédent NoHome que je ne peux que conseiller.
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Je n’ai pas encore lu « No Home » mais j’ai très envie de le lire après avoir lu « sublime royaume » 💕
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Un livre que je note pour la référence à Toni Morrison ! Merci
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