Une araignée dans le rétroviseur / Patricia Bouchet

Une femme revient dans la maison de son enfance, à Saint-Martin. Elle entre dans la maison et le lecteur visite avec elle chaque pièce. Chacune faisant resurgir des souvenirs et des odeurs. On fait la connaissance des membres de sa famille. Dans la cuisine, ce sont des odeurs de nourriture et surtout sa grand-mère qui apparaissent. Elle lui rend un bel hommage. Puis une pièce devient synonyme de dégoût et fait remonter un événement enfoui, qu’elle avait tenté d’oublier.

Après la maison, elle se promène dans le jardin, la forêt. La nature devient très présente. C’est un lieu de ressource pour elle. On assiste à sa renaissance. Cette visite est un véritable cheminement. La narratrice est une femme résolument tournée vers la vie quand elle repart de Saint-Martin.

Je découvre ce tout petit livre de 61 pages, sur le thème de la résilience. Un premier roman empli de poésie. Merci les 68 premières fois.

Note : 4 sur 5.

Préambule :
« Saint-Martin,
Tu es cette maison ventrue, là-bas, enracinée sur cette terre comme les arbres imposants qui t’entourent, et tu renfermes une histoire.
L’idée de revenir vers toi, forte. »

Incipit :
« Entre chien et loup, je pars. »

« Je me souviens de l’odeur solennelle des murs, pareille à l’ambiance sacrée des églises, de ce quelque chose de froid, de pur et de précieux. J’accédais à l’essentiel.
Je ferme les yeux, je survole les différentes pièces. J’ai presque peur de ne pas reconnaître les lieux. Des souvenirs défilent à toute allure, des visages… des odeurs… des couleurs… des joies et des peines aussi.
Je suis là, je suis prête.
Je vais renaître et devenir. »

Dans cette cuisine où tout encore porte sa trace, j’aimerais revoir, ne serait-ce qu’en songe, cette vieille femme aux cheveux gris préparant le repas du dimanche.
Elle épluchait les légumes du jardin, étêtait les gousses d’ail avec dextérité. Seule l’arthrose a eu raison de sa main à la peau fine et vieille. Le vieux couteau retirait toutes les parties croquantes et indélicates d’une laitue. Ne restaient alors que les tendres feuilles vertes et jaunes qui finissaient dans des bains d’eau fraîche.

Toutes ces odeurs de cuisson, de chair roussie, de beurre fondu, d’ail écrasé, de légumes épluchés, ces odeurs subtiles, bien particulières, de bois brûlé, de pain grillé, de café au lait chaud, toutes viennent me remémorer qu’ici, dans cette cuisine, j’ai savouré une présence.
Celle de Jeanne, dite « Jeannette ».

« Le Secret est présent, je le sens, il es partout tout à coup. Le mien est verrouillé, oublié dans une valise imaginaire, cachée dans le grenier de ma maison intérieure. Je comprends enfin la raison de ce retour.
La clé.
Je dois faire resurgir la clé qui détient la vérité. Comme celle gardée dans la poche d’un vieux vêtement que l’on endosse chaque jour. »

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