Le soldat désaccordé / Gilles Marchand

Un ancien soldat de la guerre de 14-18 mène des enquêtes à la demande de familles pour retrouver des soldats disparus. Cette fois-ci, c’est une mère qui lui demande de retrouver son fils disparu en 1917, Émile Joplain. Elle est sûre qu’il n’est pas mort.

On se retrouve alors plongé dans les récits des soldats, dans les tranchées, où ils subissent la faim, le froid, la peur. Les horreurs de la guerre sont racontées dans un langage familier.

Le narrateur mène son enquête auprès d’anciens combattants, consultent les registres et croisent les témoignages. Tous décrivent Émile Joplain comme un poète qui écrivait des lettres tous jours à sa fiancée. Mais la mère Joplain affirme que son fils n’avait pas de fiancée.

« Trouvez l’amoureuse et vous aurez le soldat. »
Il part alors à la recherche de Lucie Himmel, née à Molsheim.

L’enquête est passionnante. Un personnage fait des apparitions récurrentes, telle une légende. Il s’agit de la fille de la lune que plusieurs soldats affirment avoir vu traverser les champs de bataille. Elle avançait sans être touchée par les balles ou les obus.

Dans cette histoire, l’air de rien, on en apprend beaucoup sur la guerre et le quotidien des soldats.

Ce roman est surtout une très belle histoire d’amour, plein de poésie, avec du suspense jusqu’au bout. Et pour avoir assisté à la lecture musicale, la musique y a un rôle important. Ce texte est très musical. Si vous avez l’occasion de voir ce spectacle, allez-y et surtout emmenez les ados !

Note : 5 sur 5.

Incipit :
« Je n’étais pas parti la fleur au fusil. Je ne connais d’ailleurs personne qui l’ait vécu ainsi. L’image était certes jolie, mais elle ne reflétait pas la réalité. On n’imaginait pas que le conflit allait s’éterniser, évidemment. Personne ne pouvait le prévoir. On croyait passer l’été sous les drapeaux et revenir pour l’automne avec l’Alsace et la Lorraine en bandoulière. A temps pour les moissons, les vendanges ou de nouveaux tours de vis à l’usine. Pour tout dire, ça emmerdait pas mal de monde cette histoire. On avait mieux à faire qu’aller taper sur nos voisins. »

« Certains les insultaient. D’autres leur parlaient. Moi, j’évitais. Ils nous ressemblent trop. Et puis ça se voyait qu’ils étaient perdus, qu’ils avaient peur, qu’ils étaient fatigués, qu’ils avaient des poux tout comme nous. Je ne voulais pas prendre le risque de les trouver sympathiques. Si on avait su qu’un boche c’était rien qu’un Français qui parle allemand, on aurait eu du mal à continuer à leur tirer dessus. »

« Je n’ai pas vu Verdun. Je l’ai à peine senti, respiré.
En revanche, j’ai vu les regards des soldats. Ceux qui avaient survécu, qui avaient attendu la relève. Des yeux qui n’avaient plus rien d’humain : ouverts, écarquillés, apeurés, vidés. Ce n’étaient plus des soldats, ce n’étaient plus des hommes. »

3 commentaires sur « Le soldat désaccordé / Gilles Marchand »

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