La poupée qui fait oui / Agnès de Clairville

Arielle a 16 ans lorsqu’elle part à Paris faire des études d’ingénieur. Le roman s’ouvre avec le bizutage des étudiants. Ce sont des scènes assez dérangeantes et humiliantes. On se dit qu’elles ont réellement existé et qu’heureusement de nos jours les bizutages sont interdits. Arielle est immédiatement attirée par un étudiant de 4ème année, Eric, bien plus âgé qu’elle. C’est la star de l’école. Il séduit une nouvelle fille toutes les semaines. Il les préfère très jeunes. Inexpérimentées, elles ne savent pas ce qui relève de la séduction ou du pouvoir. Elles tombent toutes sous son emprise et deviennent sa chose. Arielle est amoureuse et pense pouvoir changer Eric.

Quatre personnages s’expriment dans ce roman choral : Arielle, sa mère Inès, Mowgli un ami et Françoise, une secrétaire de l’école en charge des étudiants. Inès se remémore sa jeunesse, à l’âge d’Arielle, où elle aussi est tombée sous l’emprise d’un homme et est tombée enceinte d’Arielle. A l’époque, une fille-mère, c’était inconcevable. Elle ne veut pas que sa fille reproduise les mêmes erreurs qu’elle. Mais elle a du mal à communiquer avec Arielle. Celle-ci cherche à s’émanciper. Elle étouffe sous l’amour de sa mère.

Les différents points de vue sont intéressants et permettent de mieux comprendre l’histoire d’Arielle. Une jeune fille qu’on voit sombrer, se débattre et à laquelle on s’attache. La période de l’adolescence est pleine d’ambivalence et d’injonctions contradictoires.

Les thèmes de ce roman sont le viol, l’emprise, le consentement, la zone grise. Comment Arielle va-t-elle réussir à vivre sa vie de femme, se construire après cette histoire ? A vous de le découvrir en lisant ce roman !

J’ai lu ce livre presque d’une traite tellement j’ai été happée par cette histoire. Il s’agit d’un premier roman inspiré de la vie de l’autrice. C’est d’autant plus touchant qu’on comprend combien ce livre a dû être difficile à écrire. Ce roman est dédié à ses filles : « ce livre, c’est celui que j’aurais aimé offrir à ma fille le jour de ses seize ans. »

Elle cite en exergue un extrait de « Mémoire de fille » d’Annie Ernaux qui a une résonance toute particulière en ce moment.

Merci Agnès pour ce roman et cette parole importante.

Note : 5 sur 5.

Incipit :
« J’ai.
J’ai.
J’ai-quelque-chose-de-pointu-qui-me-rentre-dans-le-cul-qui-m’empêche-de-marcher.
J’ai.
J’ai.
– PLUS FORT ! gueule un deuxième année immense et roux, une bière à la main, tout près de mon oreille.
Alors je crie moi aussi.
J’AI-QUELQUE-CHOSE-DE-POINTU-QUI-ME-RENTRE-DANS-LE-CUL-QUI-M’EMPÊCHE-DE-MARCHER.
J’AI.
J’AI.
Je n’essaie pas d’éviter les paquets de farine et d’huile qui me tombent dessus. J’avance d’un pas saccadé. Le garçon qui me précède me tire vers lui, sa main droite rencontre ma main gauche au niveau de son entrejambe. »


« L’eau de la douche est très chaude, je la laisse couler longtemps, comme une pluie. Je me savonne doucement, mais ça fait mal. Il y a peut-être des larmes sous la pluie. »

« Rien de grave. Bien sûr.
C’est aussi ce que je disais à Maman. »

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