Zizi Cabane / Bérengère Cournut

Une nouvelle publication au Tripode et un nouveau roman de Bérengère Cournut sont synonyme de double-joie pour moi ! Impossible de résister.

Le roman est centré sur Zizi Cabane. C’est la plus jeune des trois enfants d’Odile et Urbain alias Ferment. Elle a quatre ans quand sa mère disparaît. Le lecteur ne sait pas grand-chose. Une sorte de mystère et d’onirisme plane sur ce roman. On se laisse porter par les mots. Chaque personnage a la parole à tour de rôle. Parfois ce sont des lettres. Le tout est entrecoupé de poèmes d’ « O », O comme Odile ou Eau. Car Odile s’est transformée en eau et passe sous la maison. Elle s’infiltre pour en ressortir et dévaler le terrain en pente pour rejoindre le ruisseau. Si bien que Ferment est obligé de construire un cabanon en bas de leur jardin pour s’y réfugier avec ses enfants en attendant de faire des travaux dans la maison pour essayer de contenir ce phénomène inexplicable.

Chaque enfant a un surnom expliqué au début du roman. Il y a la petite Zizi Cabane, ensuite ses deux grands frères, Chiffon et Béguin. Malgré le drame, les enfants sont plein de vie. Ils ne sont qu’amour entre eux. On ressent toute la naïveté de l’enfance, les jeux et souvenirs de fratrie. A la disparition de la mère, la sœur de celle-ci, Jeanne, viendra s’installer avec eux. Ferment et Jeanne semblent les plus touchés par l’absence d’Odile. Rassurez-vous ce roman ne fait pas pleurer, au contraire, il est plein de poésie. C’est également une ode à la nature qui est un personnage à part entière. J’ai beaucoup aimé les cartes inventées et créées sur les vieux chiffons. La fin est totalement inattendue. Il y a un côté conte avec les thèmes du deuil, des non-dits et des silences. Beaucoup de douceur, de tendresse, de bienveillance et de sensibilité se dégagent de ce livre.

Je ne vous en dis pas plus. Je vous laisse découvrir cette famille et son histoire.

L’éditeur a choisi une très belle couverture dont les rabats de déplient pour dévoiler davantage la fresque d’Astrid Jourdain.

Note : 5 sur 5.

Incipit :
« J’ai été la femme de Ferment
et la mère de trois enfants


Je m’appelais Odile, j’étais jeune
j’aimais rire et pleurer en même temps
J’avais parfois peur de la vie
et beaucoup, beaucoup d’envies


Puis il y a eu ce jour où je suis partie
Ce n’était pas volontaire
c’est venu comme un truc qui sort de terre
 »

« Je me souviens de tout.
Je me souviens des plus infimes détails de la maison, depuis les irrégularités de la dalle au sous-sol jusqu’aux nœuds dans les poutres.
Je me souviens des joints du carrelage dans la cuisine, de la couche de graviers dans le cellier, des lucarnes en verre épais qui morcelaient le paysage dans le mur aveugle, à l’arrière. »

« Cette source ne me fait plus râler. Je suis à deux doigts de croire qu’elle est une chance. En tout cas, elle m’occupe l’esprit, m’empêche de devenir fou en pensant à toi, à ce que tu es devenue et qu’on ne sait pas. »

« Il faudra que tu sois brave alors, il ne faudra pas le retenir.
Nous débordons tous un jour du lit qui ne peut plus nous contenir.
Oh, Ferment… si tu savais comme je danse là-bas, dans le grand
large et le froid. Comme je t’aime aussi – et comme je m’abreuve
au brouillard de tes nuits…
 »

« Jadis, j’ai dû avoir un lien avec tout ça, ces deux enfants-là et la façon dont, cette nuit, ils hantent le paysage. Mais ce soir, je ne suis qu’un souffle, un vent faible qui enrage de ne pouvoir mieux appeler l’orage »

« Je prends avec moi les rêves de deux petits, celui de Chiffon, celui de Zizi. Ils sont fous, ces deux-là ! Emplis d’eau et de marais spongieux, habités par des brumes sans mémoire, ils voyagent dans des paysages qui sont comme eux, sans âge ni origine

Je suis le vent, Jeanne
Et je vous emporte tous
plus loin encore
là où le chagrin et la mort
ne sont plus rien
 »

« J’ai l’impression que quelque chose, ici, me poursuit, tout en me disant de partir. »

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