Ultramarins / Mariette Navarro

Ce roman d’atmosphère avec un brin de fantastique a déjà conquis plus d’un lecteur. Je me suis laissée prendre à mon tour par cette histoire de marins et de renaissance.

Contre toute attente, la commandante d’un cargo accepte la requête de son équipage : une baignade en plein océan, comme un moment suspendu. Elle stoppe le bateau, les appareils anti-collisions et attend les hommes partis nager. Sauf qu’à leur retour ils ne sont pas 20 mais 21 ! Elle, d’habitude si rigoureuse et maîtrisant tout, laisse le doute s’immiscer dans leur quotidien. Puis une brume épaisse s’installe, le bateau ralentit. Personne ne trouve d’où vient la panne. L’angoisse commence à monter au sein de l’équipage. Chacun racontant une légende sur des bateaux disparus…

Entre voyage intérieur et récit initiatique, le navire prend corps. Il respire, prend le contrôle. Ou n’était-ce que leur imagination ?

Voici un premier roman envoûtant et original qui sort du lot de cette rentrée littéraire.
Un certain mystère plane dans ces quelques 145 pages, mais je retiens surtout l’écriture poétique de Mariette Navarro : une parenthèse de douceur bien appréciée !

La couverture réalisée par Hugues Vollant est magnifique et très bien choisie.

« Ultramarins » figure parmi les 5 finalistes du prix Hors Concours 2021.

Note : 4.5 sur 5.

« Ils tracent un cercle à la surface, on dirait qu’ils prennent la mer pour du papier, leurs bras pour les compas de leur enfance. »

« Il y a les vivants, les morts, et les marins.
On peut respirer encore et être déjà mort. On peut être discret, terriblement vivant. On peut porter la mer en soi, en n’ayant jamais senti l’odeur du sel, en n’ayant même jamais quitté la campagne ou la ville.
On sait quand on est mort ou quand on est marin, même rivé au sol. On sait quand on dérive, quand on passa à côté. Quand le sol n’est pas ferme sous les pieds. On sait quand on est d’ici sans en être, et toujours appelé au départ. »

« Voilà ce qu’était ce grondement. Voilà ce qui depuis des jours ronronnait sous ses pieds, sous son lit. C’est un cœur qui bat au-dessous du sien. Elle l’entend maintenant si nettement que ça l’émeut un peu. Quand le cargo prend de la vitesse, ça bat de plus en plus fort. C’est parcouru de joies et de rages, pour un peu ça hurlerait. Ça fulmine. Ça n’arrête pas de souffler.
Elle écoute ce corps. Elle qui n’a jamais écouté le sien. »

« Tranquillement, le bateau continue à fendre les vagues et les bancs de poissons, ronronnant toujours son chant mécanique, pris d’une autonomie, seulement, qui rend les humains vains, et qui le leur fait comprendre. »

« Il écrit qu’aujourd’hui il a frôlé les abysses, qu’il a caressé le vertige en plongeant en pleine mer, en nageant comme un enfant. »

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