Il s’agit du premier roman que je lis de cette auteure. J’ai été conquise par son écriture, fluide, dynamique et parsemée d’humour malgré le sujet.
Elle distille des éléments au fur et à mesure, tenant en haleine ses lecteurs. C’est très bien dosé et surtout plein de fausses pistes. Je n’avais pas deviné le dénouement.
Ce roman raconte l’histoire de Mathilde, 40 ans, se trouvant en hôpital psychiatrique et se confiant à sa psy, Dorine. Comme Mathilde n’arrive pas à parler, c’est trop dur pour elle, Dorine lui conseille d’écrire ses pensées dans un carnet. Dans un long monologue où elle fait parfois les questions et les réponses, elle raconte sa vie. Elle parle d’abord de son enfance, avec son frère Charly. Puis elle se confie sur sa vie actuelle avec son mari Simon et son fils de 15 ans Ruben, son travail à la pharmacie. Elle se décrit comme quelqu’un d’ordinaire et de raisonnable. Elle essaye de se souvenir de ce qui l’a amenée aux Airelles, cette maison de repos, mais c’est difficile. On avance donc lentement mais toujours en rythme. Elle alterne avec quelques doléances et scènes du quotidien d’un hôpital psychiatrique. Vous pourrez ainsi faire la connaissance de Moustache, Armand, Véronique et bien d’autres, qui vous feront sourire. Mathilde créera un cercle de lecture afin de lire des livres à haute voix aux autres patients et se sentir utile. La bibliothérapie est forcément un concept qui me touche.
C’est délicat de vous en dire plus sans divulgâcher. J’ai trouvé le propos très intéressant, car chacun à ses fêlures et on pourrait tous un jour « dérailler ». Quel regard portons-nous sur ces personnes placées en institut ? Saurions-nous tendre la main à quelqu’un en proie à une crise ?
J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman. Merci à Netgalley et aux éditions du Rocher.
« Le sujet ce sera moi, Mathilde, spécimen féminin tout ce qu’il y a de plus ordinaire, et pourtant placée ici depuis une quarantaine de jours. Quelle dégringolade, n’est-ce pas ? L’ironie de la situation me fait sourire, ce qui est toujours bon à prendre. »
« Le cadre, on l’aura compris, sera globalement cet institut, place forte pour esprits faibles dans laquelle je tourne comme une lionne en cage. Un tantinet neurasthénique, la lionne, avec ce qu’elle gobe comme calmants. »
« Le propos… Ah le propos, c’est autre chose. Difficile d’en faire le tour et même d’en discerner les contours. Il sera question de voyage donc, de fuite si vous y tenez. De relation, de désillusion – mais l’un va-t-il sans l’autre ? – et de psy, ce qui devrait vous ravir. M’est avis que vous n’aurez rien contre une petite mise en abîme, Dorine. »