Que sur toi se lamente le tigre / Emilienne Malfatto

Alerte coup de cœur !

Nous sommes dans l’Irak d’aujourd’hui, au bord du Tigre, une jeune fille va bientôt se fiancer. Son amoureux, ami de son frère, doit repartir au combat. Il insiste pour assouvir son désir, de toute façon à son retour ils se fianceront. Leurs familles ont déjà donné leur accord. Mais l’histoire se complique ensuite, car il ne revient pas. Il meurt dans l’effondrement d’un immeuble bombardé et elle découvre quelques mois plus tard qu’elle est enceinte.

Etre fille-mère en Irak est inconcevable. Il en va de l’honneur de la famille. Son père étant mort, elle sait qu’elle va mourir de la main de son frère aîné et que personne ne va s’y opposer. C’est ainsi.

Les hommes décident de tout : père, frère, mari. Les femmes n’ont aucun droit. Elles obéissent, résignée. En espérant toutefois que les mœurs évolueront pour les futures générations.

Tous les membres de sa famille prennent la parole, tour à tour, pour exprimer leur douleur de savoir qu’elle va mourir. Tous disent qu’ils voudraient éviter cette mort. Et tous avouent qu’ils ne bougeront pas et laisseront faire. Une tragédie qui peut paraître incompréhensible pour nous, Français, mais qui est une réalité.

Emilienne Malfatto est photojournaliste. Elle connait très bien cette réalité. Elle vit en Irak. Elle retranscrit avec justesse la complexité de la situation, les émotions des personnages. Un roman fort et émouvant qui ne laissera personne indifférent. Elle a écrit ce texte de 79 pages en quelques jours seulement et il est d’une authenticité incroyable puisqu’Emilienne n’est pas irakienne.

Le roman alterne entre les personnages et les paroles du Tigre, le fleuve.

Le titre fait référence à l’épopée de Gilgamesh.

Quant à la couverture, elle est magnifique. Il s’agit d’une photo prise par Emilienne en Irak. Elle a eu l’autorisation de l’homme, du chef de famille, pour prendre cette photo. Elle paraît encore plus extraordinaire, lorsque l’on sait que les photos sont dans la plupart des cas interdites.

Ce roman m’a permis de découvrir les éditions Elyzad et donné envie de lire d’autres titres de cette maison d’édition tunisienne. Elle publie essentiellement de la fiction, toujours en français, d’auteurs du sud.

« Que sur toi se lamente le tigre » a eu une mention spéciale du Prix Hors Concours 2020 et le prix Goncourt du Premier roman 2021.

« La mort est en moi. Elle est venue avec la vie. Ces coups dans mon ventre, ce déchirement de la chair portent en eux la mort et la mort est en chemin. Elle va arriver tout à l’heure, au coucher du soleil, j’entendrai son pas un peu lourd, son pas un peu désaxé, un peu boiteux, puis la porte au bout du couloir s’ouvrira et la mort entrera. »

Note : 5 sur 5.

7 commentaires sur « Que sur toi se lamente le tigre / Emilienne Malfatto »

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