Le roman de Jim / Pierric Bailly

Dans ce roman, on fait des allers-retours entre la campagne du Jura et la ville de Lyon. Aymeric recroise la route de Florence alors qu’elle est enceinte de 6 mois et célibataire. Elle a 15 ans de plus que lui. À 25 ans, il est plutôt instable, préférant travailler en intérim que d’accepter un CDI, refusant de rentrer dans les cases dictées par la société. Contre toute attente, il reste avec Florence et est très présent lors de sa grossesse. Il assiste même à l’accouchement et aux premiers instants de la vie de Jim. Il élève Jim avec Florence, comme s’il était son père. Ils forment une famille heureuse et aimante. Et puis, le père biologique apparaît. Leur vie s’en trouve chamboulée et peu à peu un autre rôle va être attribué à Aymeric, celui de parrain. Il ne réagit pas trop. Il est d’un tempérament plutôt hésitant, restant dans l’attente et subissant ses non-choix. Ils se séparent d’un commun accord. Il voit alors beaucoup moins Jim. Florence met de la distance entre eux. Il en souffre regrette de ne plus voir autant Jim. Il lui manque. Aymeric manque aussi à Jim. La suite est faite de mensonges, d’absence, de fuite, de chagrin et même de dépression.

Une fois devenu adulte, Jim voudra connaître certaines parties de son passé. Les photos prises par Aymeric seront le point de départ de nombreuses discussions.

Voilà ce roman c’est le roman de Jim, son histoire du point de vue d’Aymeric. On ressent tout l’amour et la tendresse d’Aymeric pour Jim, mais aussi toute la détresse de ce rôle de père par intérim. Le sujet de la paternité est traité de façon très intéressante. Qu’est-ce qui fait qu’on est père ? Peut-on rester père quand le père biologique refait surface ? que reste-t-il de ces premières années ? comment trouver sa place ? Que faire quand les liens du cœur sont plus forts que ceux du sang ?

L’écriture est simple et directe. Le personnage livre ses pensées et donne accès à sa psychologie. Le ton est donc plutôt familier mais le style est clairement unique. Je retrouve la plume de Pierric Bailly avec plaisir. A la fois roman social et psychologique, l’auteur nous surprend jusqu’au bout. Le lecteur s’attachant aux personnages et voulant connaître la suite de leur histoire, impossible de lâcher le livre dans les derniers chapitres.

Note : 4.5 sur 5.

Incipit :

« Florence est partie de chez elle à dix-sept ans, sans aller au bout de son BEP optique-lunetterie au lycée Victor-Bérard de Morez, elle n’en avait rien à foutre des lunettes, elle s’ennuyait à l’internat et elle n’était proche de personne dans sa classe. Elle ne voyait presque plus ses parents, le week-end elle était toujours avec Martial et il leur arrivait de faire quelques centaines de bornes en camion pour aller voir un concert ou des potes en Ardèche ou dans les Alpes, mais la plupart du temps ils ne sortaient pas de chez lui et passaient leurs journées à fumer, à boire, à niquer – elle a toujours dit niquer, jamais baiser ni faire l’amour –, à regarder la télé aussi, à regarder des films, pas des émissions, des films en cassette sur la grande et profonde télé de Martial installée en face de son lit, dans cette grande cave isolée, sous-sol de la maison familiale, chambre sans fenêtre où les parents et le petit frère de Martial n’avaient pas le droit d’entrer. »

« J’ai sorti mon téléphone pour leur envoyer un SMS et il s’est mis à sonner avant même que j’aie commencé à écrire. C’était Florence. Et c’était Jim à l’autre bout. Alors je me suis mis à chialer comme un môme. Lui aussi chialait. J’essayais de le rassurer. Ne t’en fais pas, on va se revoir bientôt. D’accord, toi aussi ne t’en fais pas. Allez, je vais raccrocher. Mais je voulais juste te dire une chose, je voulais te dire que c’est toi mon papa. »

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