Les nus d’Hersanghem / Isabelle Dangy

Grégoire Arakelian, jeune greffier, est nommé dans un tribunal d’une ville du Nord de la France. Sa compagne préfère rester à Marseille auprès de sa mère. Alors il lui envoie des photos de la ville et de ses habitants. Ce roman fait le portrait d’une ville imaginée par Isabelle Dangy. Chaque chapitre décrit un lieu et des personnages qu’on retrouve dans les chapitres suivants. C’est jour de braderie, un grand événement pour Hersanghem.

Il flotte une ambiance étrange, l’autrice fait monter une tension au fur et à mesure des chapitres. De plus en plus de personnages se dénudent, au sens propre ou au sens figuré, chacun pour une raison différente. Le lecteur sait qu’il va se produire un événement lors de cette braderie et reste en alerte jusqu’au bout du roman. Un son inquiétant met en arrêt tout le monde.

Sous la plume d’Isabelle Dangy la ville paraît réelle, les personnages aussi et c’est assez bluffant. Ce n’est pas un livre que j’ai lu d’une traite mais que j’ai pris le temps d’apprécier chapitre après chapitre pour l’écriture de l’autrice. Il y a aussi de l’humour dans cette histoire. Une belle promenade ! Ce roman est dans la sélection du Prix Orange du Livre 2022. Il a été aimé également par certains de mes collègues jurés lecteurs dont Geneviève, Christelle et Thomas.

Note : 4 sur 5.

Incipit :

« Prélude

Quand on quitte la capitale en direction du nord-est, on rencontre une région de bois, d’étangs et de collines, puis une longue plaine en pente douce paresseusement brassée par les bras décharnés des éoliennes, et enfin, tout au bout d’un plateau crayeux où flotte, à la fin de juillet, la poussière soulevée par les moissonneuses, la ville majestueuse d’Hersanghem, posée comme une grosse tortue grise au pied des coteaux d’Houlage et de Sacremont. »

« Au cœur de la profusion textile presque écœurante qui envahit Hersanghem, des silhouettes dénudées surgissent justement ici ou là. On ne les perçoit pas forcément au premier regard, mais le téléphone de Grégoire Arakelian les saisit en transparence au passage. Jeunes, vieux, masculins, féminins, enfantins. Debout assis couchés. Mobiles ou figés. Morts ou vifs. Sculptés par l’ombre, tremblants dans la lumière, les nus d’Hersanghem se faufilent comme une aiguillée furtive dans la doublure de la ville. »

« Elle se demande aussi et surtout quand Gérard Toulouse va se décider à lui proposer la botte. Enfin, non, pas la botte, ce n’est pas vraiment son genre. Mais il finira tôt ou tard par lui demander si elle n’accepterait pas d’unir sa vie à la sienne, d’accoler leurs deux vieillesses solitaires pour le meilleur et le pire. Oui, surtout pour le pire, rhumatismes, cirrhose, déficience auditive et autres cancers… »

« Depuis quelques secondes, ces abeilles sont un peu bizarres, tout de même. Et voici qu’elles le deviennent plus encore : secouées par les vibrations de l’onde sonore qui déferle brutalement sur les toits d’Hersanghem, elle se mettent à voler sur place, agitées de petits mouvements de translation aléatoires, en bourdonnant avec une force qu’elles paraissent emprunter au charivari. »

2 commentaires sur « Les nus d’Hersanghem / Isabelle Dangy »

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