Voici un roman atypique. Il est écrit en vers libres, comme un long poème, sans point, qui n’est pas sans rappeler le livre de Marie Testu également publié aux éditions du Tripode (mon éditeur chouchou).
Bérengère Cournut est une écrivaine dont j’apprécie beaucoup la plume. Elle s’inspire ici de Jacques Elisée Reclus, géographe et écrivain du 19ème siècle et de son livre « Histoire d’un ruisseau ».
La narratrice est une jeune fille, Elise. Elle vit au sein d’une famille nombreuse, dans la forêt, à l’écart. Les enfants appellent leur mère Zéline ou Féline et leur père Jacques ou le Lion. La mère leur fait l’école dans la forêt.
Elisée et Onésime, les deux grands frères partent étudier l’horticulture. La famille attend avec impatience leurs lettres pour avoir de leurs nouvelles.
Entre peur et désir de liberté, Elise va partir à la rencontre de ses frères. Ce sera le début d’un voyage et d’une aventure, sorte de conte initiatique. Elle rencontre d’abord la Vouivre qui lui parle de ses cousines dont il faut se méfier et lui donne quelques conseils pour les neutraliser. Il y a Mélusine, Ondine, Ophélie, les anguilles et les vipères. On ne sait pas à quelle époque se déroule ce roman mais peu importe, il suffit de se laisser porter par les mots de l’autrice.
J’ai adoré ce roman onirique, faisant la part belle à l’imaginaire, parsemé de légendes et de créatures fantastiques mythologiques. Tout en poésie, Bérengère Cournut fait une ode à la nature. Le lecteur est invité à réfléchir à son rapport à la nature, à son environnement, ses choix de vie.
La couverture est sublime ; les rabats se déplient et forment un tableau. L’illustration a été réalisée par Corinne Pauvert.
Bérengère Cournut et son éditeur Frédéric Martin étaient les invités d’un VLEEL à l’Hôtel littéraire Gustave Flaubert à Rouen. La captation vidéo sera bientôt disponible sur la chaîne Youtube !
Incipit :
« Je suis une fille, je m’appelle élise
Je suis née il y a onze ans
Au flanc d’une colline boisée
Les pieds dans un ruisseau
La tête dans les bouleaux
Enfant des arbres, fille de l’eauBien entendu j’ai aussi de vrais parents
Ma mère s’appelle Zéline
Mon père Jacques
Mais on dit plus volontiers
Féline et le Lion
quand ils sortent les griffes
Ou font les yeux rondsEnsemble ils ont déjà huit enfants
Dont certains déjà grands
Elisée et Onésime ont dix-sept ans et dix-neuf ans
Louise seize – c’est la plus belle d’entre nous –
Marie vient juste après, elle a quatorze ans
Moi, onze je l’ai déjà dit, Anna neuf et Elise six
La plus jeune s’appelle bébé Suzanne
Et nous avons aussi un âne »
« Depuis que nos frères sont partis
Le Lion travaille dur
A ses cultures, à son jardin
Zéline n’a plus que six petits
A laver-nourrir-instruire
Alors elle a décidé que non
Elle ne ferait plus l’école à la maisonNous partons le matin dans les bois
Notre mère marche en tête sur le sentier étroit
Une chanson aux lèvres, un bâton à la mainNous traversons des taillis, des clairières
Nous empruntons plusieurs chemins
Jusqu’à le Sommière – petit mont chauve
entouré de charmes, de trembles
De frênes et de noisetiersZéline aime cet endroit
Les oiseaux l’aiment aussi
L’air y est parfumé
Le sol moelleux
L’herbe et les mousses
Grasses et généreusesTout autour, les arbres forment
Une couronne de dentelle
D’où coule une lumière douce
C’est ici, dans ce lieu qui l’apaise
Que Zéline nous apprend à déchiffrer
Les plantes autant que les livres
Les pierres autant que la poésie »
« Je le sais maintenant :
Pour s’orienter, les rêves sont grands. »
Tu éveilles ma curiosité… j’avais été très déçue par De pierre et d’os alors je ne m’étais même pas arrêtée sur ce titre-ci !
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J’avais adoré « De pierre et d’os ». Celui-ci est très différent. Si tu aimes la poésie il devrait te plaire.
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Pourquoi pas alors 🙂
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