Un nouveau roman de Valérie Tong Cuong est toujours une bonne nouvelle. Avant sa parution, je me réjouissais déjà de retrouver sa plume, certaine de lire une histoire qui me toucherait en plein cœur, comme ses autres romans. Bref, une autrice chouchou !
Je n’ai pas été déçue. Une fois commencé, impossible de lâcher ce roman. Valérie Tong Cuong alterne le passé et le présent du personnage principal, Anne. Une femme qui a l’air d’avoir une vie parfaite et de nager dans le bonheur. Elle est pharmacienne, mariée à Hugues, fils de bonne famille . Ils vivent dans une villa avec piscine et vue imprenable. Leur fils, Léo va passer son bac dans quelques semaines. Son avenir s’annonce bien. Enfin ça c’est le tout début du roman, avant que Léo ne soit arrêté par la police. Pour Anna, c’est le début d’une descente aux enfers. Elle pensait pouvoir tout contrôler. C’est certainement une erreur. Son fils est le plus gentil des garçons. Elle est prête à tout pour le sortir de cette situation, pour que tout redevienne comme avant, sous contrôle.
On sent dès le départ qu’Anne a été traumatisée par quelque chose dans son passé. Elle a fui son passé, ses parents. Elle s’est construit une autre vie. Valérie Tong Cuong parsème des éléments au fur et à mesure qu’on avance dans le roman. C’est prenant et surtout on se pose des questions ; comment est-ce que je réagirais si mon enfant était arrêté ? Chaque personne a ses secrets, parfois bien cachés, quels sont-ils ? Est-ce que je connais vraiment cette personne ? On ressent parfaitement toutes les émotions d’Anna et c’est vertigineux !
Un roman que je vais chaudement recommander aux lecteurs et largement prêter à mes collègues !
« Si Anna Gauthier avait dû, pour une quelconque raison, résumer son existence jusqu’à ce jour, elle aurait probablement dessiné une ligne brisée composée de trois segments. Le premier aurait figuré son enfance et son adolescence – lorsqu’elle y pensait, elle avait cette image dégoûtante d’un colon entortillé et son ventre entrait en torsion, lui rappelant la lutte féroce et sans merci qu’elle avait menée pour y survivre et la manière dont elle avait appris à défier la terreur, à cautériser ses blessures, à fabriquer ses premiers masques. Elle avait réussi. Elle s’était extraite, exfiltrée, à force de sacrifices, de ténacité, portée par l’évidence qu’elle n’avait rien à perdre.
La deuxième aurait représenté sa vie de jeune adulte, ses années d’université, sa rencontre avec Hugues, leur mariage suivi de la naissance de Léo, son emploi à la pharmacie, l’aménagement de leur maison. Autrement dit son œuvre, construite patiemment, guidée par la volonté farouche de s’élever – et par conséquent d’élever entre cette nouvelle vie et l’ancienne de solides remparts. A cette époque, elle avait accédé à une première expérience de liberté, exaltante mais voilée, polluée par la conscience que cette liberté demeurait conditionnelle, puisque tous les liens n’étaient pas rompus.
Voilà pourquoi le troisième segment aurait débuté au décès de sa mère, survenu à l’automne 2007, deux ans après celui de son père. Lors des obsèques, dans le cimetière déserté, Anna avait ressenti un immense soulagement en même temps qu’un profond chagrin. Ce n’était pas seulement sa mère que l’on enterrait, mais l’enfant et l’adolescente qu’elle avait été. Ce n’était pas une tombe qui était scellée sous ses yeux, mais l’ultime porte d’accès aux fantômes ricanants. »
« L’accomplissement d’Anna Gauthier s’est fondé sur la combinaison de deux principes : éliminer autant que possible l’incertitude et donner à voir ce qui est attendu. »
Je reviendrai lire la chronique car suis entrain de le lire 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
👍 Bonne lecture
J’aimeJ’aime