Coup de cœur ❤
Découvrez Odile et Raymond, les patrons du bar centenaire « le Pégase », ainsi que tous les habitués et leurs habitudes ! Il y a le vieux Colonel, Jörg l’Allemand et ses tirades, Norbert le musicien, Paul le professeur dépressif, Joseph le libraire, André le luthier, Gustavo l’accro aux jeux à gratter.
Les journées sont faites de silences et de non-dits. Antoine Sanchez brosse une galerie de personnages par petites touches, avec pudeur. Comment qualifier les clients ? Sortes de bras cassés, de « has-been », en tout cas sous la plume de l’auteur, ils sont très attachants.
Entre rêves et désillusions, ils se consolent souvent dans l’alcool où ils noient leur honte.
Sous le regard d’Odile, les habitués vont et viennent. C’est elle la patronne. Elle est respectée. Avec une certaine autorité et parfois sans rien dire, elle approuve ou désapprouve leur comportement ou paroles.
Pendant ce temps, Raymond astique ses couteaux de collection, boite et ponctue ses phrases de « Crevure » !
Dans ce roman, vous apprendrez comment Odile et Raymond se sont connus et comment ils sont devenus les propriétaires du bar, l’histoire du Pégase, cette tête de cheval accrochée au mur !
Soudain, l’arrivée d’une jeune femme inconnue bouleverse le quotidien morne. Que se passera-t-il ? peut-être la naissance d’une histoire d’amour ? Pour le savoir, lisez ce court roman (98 pages) qui se dévore en un rien de temps !
J’ai tout aimé dans ce livre, y compris sa maquette et sa couverture réalisées par l’atelier AAAAA Marie Sourd et Léopold Roux.
Une belle découverte grâce à la sélection du prix Hors Concours.
Longue vie aux jeunes éditions L’Atteinte !
Merci à L’Atteinte pour l’envoi de ce roman.
Incipit :
« Au Pégase, il y a ceux qui sont là depuis toujours. L’Allemand, qui remue des pièces dans sa poche pour dire qu’il est bien là, Le professeur a sa table juste au centre ; il fait des ronds sur le bord du verre.
Le colonel marmonne dans sa barbe, vautré sur sa chaise. Le musicien se tient debout au comptoir. Le derrière du libraire déborde du tabouret.
Quand l’aristo passe, c’est jour de fête, tout le monde se sent plus important.
Le matin, les patrons sortent la terrasse sur un coin de trottoir en bord de route. On y échoue généralement faute de trouve mieux ailleurs.
Une grande baie vitrée donne sur la rue. De l’extérieur on voit les vieilles banquettes en cuir, dont certaines sont déchirées, et une tête de cheval empaillée sur le mur du fond.
Pour aller aux toilettes, il faut demander au patron. Raymond. C’est lui le gardien de la clef. Plongeant la main dans un pantalon en velours marron à grosses côtes qu’il porte quelle que soit la saison, il vous la tend, le regard fier, presque halluciné. »
« Le patron propose du vin à son épouse en touchant la bouteille du doigt. Elle fait « non » de la bouche. Lorsqu’il a terminé, elle fait un signe de tête vers le haut pour lui demander s’il a encore faim. Il lui répond à l’aide d’une moue qui veut dire « C’est bon ».
Vivre ensemble pendant tant d’années, c’est creuser sans cesse plus en profondeur à l’intérieur de l’autre ; c’est chercher le silence le plus noble, le plus commode ; celui qui viendra s’échouer sur les corps inanimés. »
« Odile sert les derniers fumeurs.
Une journée de plus s’envole. La pluie cesse. Raymond rentre la terrasse sous le regard du nouveau propriétaire d’en face, dont l’affaire cartonne. Il a trouvé un bon concept. Il a l’air si fier ; si certain d’avoir fait le coup du siècle. Il doit se regarder matin et soir dans la glace. Raymond lui collerait bien son poing dans la figure, il aurait quelque chose de plus intéressant à y regarder. »
« Le patron n’a pas l’air dans son assiette et la patronne a du mal à l’encaisser. On ne sait pas quoi faire. On demeure interdit dès qu’il s’agit de parler de choses graves.
On continue de vivre comme si de rien n’était.
C’est la plus belle forme de soutien qu’on puisse lui offrir. »
Un avis sur « Le Pégase / Antoine Sanchez »