Mes 18 exils / Susie Morgenstern

Mais quel bonheur de voir Susie Morgenstern ! Que ce soit en vrai ou en visio, elle apporte toujours avec elle sa bonne humeur, son humour et son merveilleux accent américain.

J’ai eu la chance de la rencontrer il y a quelques années au salon du livre de Colmar lors d’une dédicace.

Si vous ne la connaissez pas, c’est une grande autrice de littérature jeunesse. J’ai notamment lu : « La sixième », « Joker », « Lettres d’amour de 0 à 10 ».

Elle est née en 1945 aux Etats-Unis. Et aujourd’hui elle publie une autobiographie aux éditions de L’Iconoclaste. Il s’agit d’une commande de la maison d’édition. Au départ elle avait une liste de 28 exils. Trop d’exils au goût de son éditeur qui lui a demandé de réduire pour une meilleure lisibilité. Elle nous offre donc 18 exils. Un exil pouvant être quelque chose de positif.

Elle a d’abord écrit une phrase, puis un paragraphe puis une page et finalement plusieurs pages pour chaque exil.

Elle y parle de sa famille, son enfance, son mari, de l’école, de la maternité, du cancer, de sa vie de femme, du désir, de l’amour, de la mort. Le changement demande de la souplesse. Vous trouverez également quelques photos en noir et blanc au début du livre. On avance au fur et à mesure dans sa vie, qu’elle autoanalyse avec le recul et la sagesse des ans.

Ses enfants disaient d’elle qu’elle était une mère bizarre. Un peu paumée, elle n’avait pas les codes pour s’intégrer. Elle est une immigrée, une exilée. Elle vit en France et est Française depuis de nombreuses années mais elle a toujours son accent. Or avoir un accent en France est synonyme d’étranger. Alors qu’aux Etats-Unis les accents sont acceptés.

Susie Morgenstern est une « boulimique de l’écriture ». Elle écrit ses romans en français mais son journal intime en anglais.

Avec sa malice et son humour, on a l’impression de lire un roman. Il faut dire que tous ses romans ont une part autobiographique. D’ailleurs sa fille lui a reproché d’utiliser sa vie pour écrire ses romans, notamment pour « La sixième ». Mais Susie Morgenstern ne sait pas faire autrement, elle est toujours honnête. Elle aime la transparence, « pourquoi écrire si c’est pour mentir ? » Il faut qu’elle croit à ce qu’elle dit. Elle n’a pas de secret.

Chaque livre de l’autrice est différent et chacun à son anecdote.

Elle nous a annoncé lors du VLEEL (Varions les Editions En Live), la suite de « Joker » pour septembre ! En voilà une bonne nouvelle, avec ma fille nous allons pouvoir poursuivre les aventures de cet instituteur pas comme les autres. Et toujours accompagné des illustrations de Serge Bloch. La couverture de « Mes 18 exils » est d’ailleurs signée Bloch. Elle est pétillante, à l’image de la femme qu’est Susie.

Elle nous a également donné un conseil de lecture que je vous partage en cette période propice à la lecture : « 226 bébés » de Flore Vesco.

Elle regrette le manque de visibilité et de reconnaissance pour les auteurs jeunesse et je suis bien d’accord avec elle. Il y a de merveilleuse pépites à lire qu’on soit adulte ou enfant dans la littérature jeunesse. N’hésitez pas !

J’ai adoré lire les 18 exils de Susie Morgenstern, c’est plein de vie et de joie de vivre, comme elle !

Exil 1 : Naître
Exil 2 : Être une fille
Exil 3 : Entrer à l’école
Exil 4 : Être loin de ses sœurs
Exil 5 : Être juive
Exil 6 : Infiltrée chez les garçons
Exil 7 : Être intello
Exil 8 : Être sioniste
Exil 9 : Être amoureuse
Exil 10 : Être mère
Exil 11 : Être immigrée
Exil 12 : Être veuve
Exil 13 : Errer
Exil 14 : De souris grise à femme fatale
Exil 15 : Être malade
Exil 16 : Le nid vide
Exil 17 : Faire le deuil
Exil 18 : Mourir

« Ça bouillonnait, chez nous. Voilà la raison pour laquelle je fus obligée d’écrire : j’ai grandi dans une maison tellement bruyante, où tout le monde parlait en même temps, que le seul moyen de placer un mot était de l’écrire. À partir du moment où j’ai su le faire, j’ai écrit tous les jours dans mon journal intime. Je me cachais dans un placard pour lire les gros pavés car c’était mal vu, une perte de temps, et je m’asseyais à la table de la salle à manger pour écrire. Nous n’avions pas de bureau dans nos chambres. Pour mes sœurs, cela n’aurait servi à rien mais moi, j’en rêvais. À tel point que maintenant j’en ai deux.
Le bureau est ma maison. Lire et écrire, les deux techniques que j’ai apprises à l’école, sont devenues mon exil permanent et constant à partir de mes sept ans. »

« En France, il n’y avait pas de bagels, pas de chocolate chip cookies, et pire, il fallait attendre six mois pour avoir le téléphone. Ma mère, qui s’angoissait à l’idée que je vive dans un pays du tiers monde, avait raison. On n’avait dons pas de voiture, pas de téléphone, mais ce qui la gênait le plus, c’est qu’on n’ait pas la télévision. (Ni à l’époque, ni jamais par la suite.) Tout me manquait, et surtout ma famille. Tout ça pour Jacques ! Je lui en voulais. Mais je ne regrettais rien.
J’écrivais trois fois par semaine à ma famille américaine, sur des aérogrammes qui se pliaient comme des avions en papier. »

« Toute ma vie trop grosse, pas assez belle, trop ceci et pas assez cela, des complexes en pagaille et puis, par la magie d’une rencontre une nuit à Paris, j’ai quitté ces obsessions de laideronne pour devenir une femme fatale, m’exiler de ma vieille peau et faire peau neuve. Certains exils sont réjouissants. »

Note : 5 sur 5.

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