J’ai d’abord été un peu déroutée par ce roman. Cette vie de fille puis de femme dédiée à la prière et à la soumission, avec ces notions omniprésentes de péché et de sacrifice. Sixtine grandit dans une famille catholique pratiquante, avec ses 5 frères et sœurs. Elle participe aux camps d’été des Frères de la Croix, un mouvement catholique extrême dont son futur mari, Pierre-Louis Sue de La Garde, fait partie. Sa nuit de noce ne se révèle pas idyllique. Elle n’a reçu aucune éducation sexuelle, comment pourrait-elle savoir qu’au-delà du devoir conjugal il pourrait y avoir du plaisir. Son mari est très occupé, elle se retrouve rapidement enceinte, tout se déroule parfaitement aux yeux des deux familles et de la communauté. Sauf que Sixtine ne supporte pas les changements de son corps liés à la grossesse. Elle ne se voit pas « subir » encore d’autres grossesses. Elle en vient à détester cet être qu’elle porte. Elle prie. Elle se dit faible et demande pardon à Dieu. Sa belle-mère n’est jamais loin et régente tout.
Un soir, son mari l’emmène à un concert. Le groupe sur scène rejette entre autres dans ses chansons les couples homosexuels. Des manifestants arrivent avec des pancartes et la situation dégénère. Pierre-Louis sort un bâton de sa veste et se met à frapper les manifestants. Il fait évacuer Sixtine, enceinte. C’est la première fois qu’elle assiste à ce genre de scène où elle voit tant de violence de la part de son mari. Elle se met à douter des valeurs de son mari et de la communauté plus largement.
Puis un événement va venir chambouler sa vie et va lui permettre d’aller au bout de sa réflexion, sans que sa mère ou sa belle-mère ne puissent plus s’en mêler et régenter ses choix. Alors on assiste à l’émancipation de Sixtine et c’est effectivement la partie que j’ai préférée du roman.
En parallèle, sa belle-sœur effectue des recherches pour constituer l’arbre généalogique du futur enfant. Un secret de famille va peu à peu surgir. Les chapitres alternent avec des lettres de la grand-mère de Sixtine. Mais je ne vous en dis pas plus.
Ce roman m’a d’abord semblé extrême. Je me disais ce n’est pas possible qu’à l’heure actuelle on puisse tenir encore de telles propos vis-à-vis des femmes, être aussi intégriste. Et puis j’ai lu différents retours et témoignages sur ce livre et j’ai réalisé que cela pouvait exister. Du coup ce roman n’en est que plus intéressant, car il témoigne d’un fait de société dont on parle peu. J’ai lu ce livre assez rapidement, voulant savoir ce que Sixtine ferait de sa vie. Quels seraient ses choix ? Pourrait-elle sortir d’un tel « endoctrinement » ? Finalement cette histoire pourrait se dérouler dans n’importe quelle communauté.
Un premier roman très maîtrisé. Hâte de lire le second !
Merci à Netgalley et à Julliard pour cette lecture et aux 68 premières fois pour la sélection.