Ce n’est pas le premier livre de la collection « Ma nuit au musée » que je lis, mais j’ai été totalement happée par celui-ci. Je crois que Leïla Slimani est en train de devenir l’une de mes auteures chouchous.
Leïla a rendez-vous avec son éditrice. Mais elle veut se concentrer sur son manuscrit en cours et elle a d’ores-et-déjà décidé qu’elle refuserait toute proposition. Alina Gurdiel lui propose de passer une nuit dans un musée : « dormir au sein de la Punta della Dogana, monument mythique de Venise, transformé en musée d’art contemporain ». Elle se surprend à accepter. Elle a envie d’être enfermée, de faire l’expérience de se retrouver emprisonnée, comme l’a été son père, suite à un scandale politico-financier au Maroc.
L’écrivaine nous invite dans son intimité : « A Paris, la pièce qui me sert de bureau est petite et sombre, étroite comme un nid. J’aime écrire la porte fermée, les rideaux tirés. »
Elle nous raconte son enfance et surtout son père. Il reste un mystère pour elle mais cette nuit lui permettra peut-être de se rapprocher de lui. Il est mort en 2004, peu après sa libération.
« Il y avait en lui un mystère et dans notre relation quelque chose d’inachevé. Des mots qui n’ont pas été dits, des expériences qui n’ont pas été vécues. Il était ma famille mais il ne m’était pas familier. »
Dans ce texte, elle croise littérature et art contemporain, cite de nombreux auteurs : Emily Dickinson, Roberto Bolaño, Paul Morand, Virginia Woolf, Roland Barthes, Etel Adnan, Pasolini, Louise Michel, Ahmet Altan, Marguerite Duras, Paul Auster, Montherlant, Aragon, Hemingway, Tolstoï, James Baldwin, Salman Rushdie, Camus.
Elle parle de la condition féminine au Maroc quand elle était enfant. De la façon dont ses parents l’ont élevée, ainsi que ses sœurs.
« Cela fait vingt ans que j’ai quitté mon pays. Parfois on me demande ce que je pense de cet exil mais je refuse ce mot. Je ne suis pas exilée. On ne m’a pas forcée, je n’ai pas été poussée par les circonstances. J’ai trouvé à Paris ce que j’étais venue chercher : la liberté de vivre comme je l’entendais, de m’asseoir pendant des heures à une terrasse de café pour y boire du vin, lire et fumer. »
Elle écrit que c’est la mort de son père qui l’a poussée à devenir écrivain, « à écrire avec rage ». Elle inventait « des mondes dans lesquels les injustices étaient réparées, où les personnages étaient vus pour ce qu’ils étaient et n’étaient pas prisonniers de l’image que la foule s’en faisait. »
C’est beau, nostalgique, généreux, plein de poésie et d’amour. Quant au titre, je vous laisse découvrir sa signification dans les pages du livre.
Merci Leïla Slimani d’avoir partagé avec nous un peu de vous, vos souvenirs, votre réflexion sur l’écriture, l’identité. C’est passionnant !
Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour ce magnifique moment de lecture. Un véritable coup de cœur qui va rejoindre ma bibliothèque.
J’apprécie également cette collection que j’avais découverte avec « Marcher jusqu’au soir » de Lydie SALVAYRE. Ce titre de Leïla Slimani m’attire fortement après ta belle chronique si enthousiaste !
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