La Vénus au parapluie / Thibaud Gaudry

Le narrateur se rend au cinéma. Il pleut et une femme avec un parapluie lui offre refuge le temps d’atteindre le guichet du cinéma. C’est le coup de foudre pour lui. Elle occupe alors toutes ces pensées.

Un premier roman léger autour de l’amour, parfois drôle, truffé de références cinématographiques et qui se déroule à Paris. On reconnaît les premiers émois d’une rencontre. Mais quand le coup de foudre vire à l’obsession, c’est là que le narrateur et amoureux transi pour sa Vénus au parapluie m’a un peu perdue. Il s’agit donc d’une lecture en demi-teinte pour ma part.

Thibaud Gaudry a une plume agréable, il joue avec les mots. C’est à la fois absurde et plein de poésie, avec un petit côté désuet.

J’attends avec impatience la diffusion du replay de la rencontre VLEEL pour en savoir plus sur l’auteur et son roman, car je n’ai pas pu assister à toute la rencontre Buchet-Chastel.

Merci Buchet Chastel et Netgalley pour cette lecture

Note : 3 sur 5.


Incipit :
« Ce matin-là, c’est une humeur qu’il considéra comme guillerette qui l’expulsa de son lit. Quelques entrechats primesautiers le menèrent à la cuisine. Des morceaux de brioche jaillirent du grille-pain comme des fusées un soir de fête nationale. Il remarqua que le café n’avait pas le même goût que la veille. Ni même l’avant-veille. Et par la fenêtre du cinquième étage, tout avait beau être revêtu d’une grisaille épouvantable, il lui semblait que la ville étincelait à ses pieds. Il ne se doucha pas dans l’espoir un peu vain de conserver sur lui une once de ce parfum inconnu. Sauta dans les mêmes vêtements, toujours animé du même espoir. Préféra dégringoler les escaliers plutôt que supporter l’accablante lenteur de l’ascenseur. Dévala la rue, puis une autre, et encore une autre. Quiconque se serait intéressé à sa déambulation aurait remarqué l’incohérence de son itinéraire. Cet homme allait manifestement sans but. »


« Comment se rapprocher d’elle sans la faire fuir ? Vaste question qu’il n’avait pas fini de se poser et qu’un observateur neutre, dans la salle, aurait appelée la parabole du coude. »


« Pendant que le projectionniste dévidait ses bobines, lui avait été projectionniste de son cinéma intérieur. Il s’était fait son propre film. Deux histoires parallèles. Deux intrigues qui parfois se rejoignaient. Et deux happy end, à n’en pas douter. »


« Il ne fallait surtout pas se précipiter. Le surlendemain, c’était encore prématuré. Une semaine. Ce serait interminable. A l’instar des années chez les chats, les jours chez les personnes éprises dont l’objet de leur amour est absent semblent être multipliés. Parfois par trois, et plus souvent cinq, et parfois, chez les cas les plus désespérés, par dix. Il décréta qu’un délai d’attente de quatre jours était à la fois raisonnable et supportable.
Mais quatre jours pour un cœur convulsant d’amour, c’est long. »


« Il avait maintenant un but, une échéance. Certes lointaine. Nous n’étions que mercredi. Il compta quatre dodos sur ses doigts. Ça faisait un paquet d’insomnies, de tours sur lui-même dans son lit. Toutes ces nuits à faire la toupie en creusant dans ses souvenirs. Des nuits de science-fiction à se projeter les futurs possibles. »


« La conversation suivait son agréable cours, comme l’eau d’un ruisseau l’été dans la fraîcheur d’un sous-bois, bondissant d’un sujet à un autre comme le font deux âmes vierges l’une de l’autre qui se révèlent, quand il fut frappé par une illumination de type Renaissance italienne. Mais oui ! Bien sûr qu’il connaissait ce visage ! Il l’avait vu cent fois. Dans des livres et même une fois pour de vrai à Florence. C’était bien elle. La muse de Sandro Botticelli. »

« Etait-il raisonnable de comparer une femme à la Vénus de Botticelli lors d’un deuxième rendez-vous ? Dans le manuel des bonnes pratiques de l’amour courtois, la bienséance imposait probablement que la relation ait déjà évolué un peu favorablement avant de s’y essayer. N’était-ce pas trop imprudent ? Ne risquait-il pas de l’effaroucher, de l’agacer ? Pire, de l’indisposer ? Que Vénus se referme dans sa coquille ? »


« Deux heures avaient filé et la complicité naissante et manifeste avec la Vénus aux pistaches lui laissait apercevoir un large rai de lumière dans les portes entrouvertes du paradis. »


« Elle était le plus beau spectacle qui lui avait été donné de voir. »


« Les semaines passaient et c’était comme une partie de tennis qui ne finissait jamais. On jouerait jusqu’à l’usure. Jusqu’à ce que l’un des protagonistes se lasse, pose sa raquette, s’éponge le front et disparaisse. Aucune stratégie ne semblait efficiente. Chaque fois qu’il pensait marquer le point, elle lui renvoyait la balle. Il tentait un coup puissant dans un coin, elle le passing-shotait sans ménagement, il montait au filet, elle le lobait subtilement, il servait à toute allure, elle lui remettait invariablement dans les pieds. C’était Vénus version Williams. »

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