Voici un roman et coup de cœur proposé par ma libraire. Je me suis laissée tenter par cette lecture pour mes vacances en Normandie et j’ai beaucoup aimé ce portrait de femme. Je le relirai avec plaisir. Ce fut un agréable moment suspendu. En deux mots, il s’agit d’une belle amitié intergénérationnelle entre deux femmes au sein d’un jardin.
Mariette est femme de ménage à Paris. Elle approche de l’âge de la retraite. Elle vit de façon très simple et n’a pas beaucoup d’argent. Jusqu’au jour où un notaire la contacte. Un généalogiste a fait le lien entre Mariette et une parente décédée. Elle reçoit en héritage une maison dans un petit village en Normandie, dans l’Orne. Chose incroyable pour elle qui n’a jamais rien possédé. Elle quitte tout rapidement pour aller s’installer dans cette maison, à Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois.
Elle découvre la maison, son jardin, les alentours. Mariette n’a pas de voiture. Elle se déplace à pied pour aller au village le plus proche faire ses menues courses, comptant chaque sou. Il n’y a pas de superflu chez elle.
Louise a 14 ans. Elle vit à Paris avec son père et sa belle-mère. Ils viennent passer toutes les vacances scolaires dans leur maison secondaire dans ce hameau. C’est là qu’elle fait la connaissance de Mariette débarquant du bus et cherchant sa nouvelle demeure. C’est donc une rencontre improbable. Elles s’apprivoisent progressivement. Quand Louise repart à Paris, elle laisse à Mariette son vélo pour qu’elle l’utilise pendant son absence. Ce vélo lui est très utile pour aller faire ses courses, puis se balader. C’est un bien très précieux pour Mariette qui n’a pas les moyens d’en acheter un.
A chaque vacance scolaire, elles se retrouvent dans le jardin de Mariette où Louise apprend à jardiner et reconnaître les plantes. La nature est très présente et le jardin pourrait être le troisième personnage de ce roman. Louise remarque les difficultés financières de Mariette. Elle emprunte à long termes plusieurs objets à son père qui les utilise très peu et profitent à son amie.
J’ai beaucoup aimé la malice de Louise. Mariette est une sacrée bonne femme. Elle se parle à elle-même à haute voix en disant « Mariette, ma fille… ». Elle a ses « fantômes » qui la hante lorsqu’elle se retrouve seule le soir. Elle a peur de croiser des gens, elle les fuit. Elle ne se sent pas légitime dans le rôle de propriétaire. Elle vivait « une vie sans hasard » et cette maison relève du miracle. Louise avec beaucoup de tact et de pudeur essaye d’aider Mariette.
Le roman est court, 95 pages. La couverture est magnifiquement illustrée de fleurs et d’herbes à l’encre de Chine, inspirées de Dürer. Les point de vue alternent entre un narrateur ou une narratrice placé(e) du côté de Mariette et celui de Louise qui s’exprime directement.
Une belle amitié naît dans ce jardin où les deux femmes ont plaisir à se retrouver au fil des saisons. La suite est à découvrir en lisant et dégustant ce joli petit roman !
Quant à moi, j’ai déjà repéré un autre roman d’Anne Guglielmetti à la bibliothèque pour une prochaine lecture !
Incipit :
« Elle arriva par le train de Paris qui faisait halte en gare de L’Aigle à douze heures trente précises. C’était un jeudi de novembre et il pleuvait. Le ciel était uniformément gris et immobile, la pluie fine et continue, l’humidité plus pénétrante que le froid n’était vif. »
« Elle n’était pas plus une habituée des bibliothèques que des livres. En réalité, elle n’avait jamais franchi le seuil d’une bibliothèque municipale et, depuis ses très lointaines années d’école primaire, elle n’avait dû poser la main sur un livre que pour en ôter la poussière, et encore, y avait-il eu chez ses patrons successifs des livres pour recueillir le silencieux hommage du temps ? Rien n’était moins sûr. »Incipit :
« Elle arriva par le train de Paris qui faisait halte en gare de L’Aigle à douze heures trente précises. C’était un jeudi de novembre et il pleuvait. Le ciel était uniformément gris et immobile, la pluie fine et continue, l’humidité plus pénétrante que le froid n’était vif. »
« Nous fîmes la course le long de cette côte que je grimpais pour la deuxième fois. Je l’emportai. Peut-être parce que Mariette avait encore dans les yeux un pré qui, depuis le creux de la route, partait à l’assaut du ciel et semblait s’y jeter comme s’il avait été l’extrême limite de la terre, l’embarcadère des cieux. »
« Sa vie d’avant, oui, mais plus tout à fait a même, puisque constellée de souvenirs comme les branches des pommiers et du prunier étaient alourdies de fruits. Et des souvenirs assortis de la promesse de se revoir en novembre, durant les vacances de la Toussaint. »