Le sang des bêtes / Thomas Gunzig

De nombreux sujets d’actualité sont traités dans ce roman très drôle. Thomas Gunzig nous offre une belle satire de notre société. Certains y verront une fable.

Le personnage principal est Tom, 50 ans, bodybuildeur, il vend des compléments alimentaires pour bodybuildeurs. Il est en pleine crise existentielle et au bord de la dépression. Il assiste à une scène depuis son magasin qui le bouleverse. Une femme se fait maltraitée par un vieil homme. Elle ne dit rien et subit. Quand la scène se reproduit, Tom intervient. Il ne peut pas rester passif toute sa vie. Et il se retrouve avec cette femme à gérer. Qui est-elle ? Quelle est son histoire ? Sans trop vous en révéler, elle est originale, incongrue et relève de la science-fiction.

Le roman prend un tournant quand Tom ramène la femme chez lui. Son épouse, Mathilde, ne voit pas ce sauvetage d’un très bon œil. En plus leur fils, Jérémie est revenu chez eux suite à une rupture amoureuse avec Jade (féministe, vegan). Et le père de Tom, Maurice, 85 ans, juif, atteint d’un cancer, vient également de s’installer chez lui le temps de son traitement. Difficile de ménager toutes les subtilités, au bout d’un moment les griefs ressortent et la routine s’envole. C’est très drôle et amusant pour le lecteur. Chaque chapitre a pour titre un muscle du corps : pectoraux, biceps, psoas, etc. De quoi redécouvrir votre anatomie !

Un roman dans lequel tout le monde pourra s’identifier à l’un des personnages ou à une réflexion, une scène vécue. Je l’ai dévoré en un rien de temps, voulant savoir ce que chaque personnage allait devenir.

Une belle réflexion également sur le corps, l’image du corps, sur la norme et ses injonctions. Il interroge la place de l’humain au milieu du vivant. Bref un auteur belge qui mérite d’être plus connu en France. Il suffit d’écouter Marion Mazauric, son éditrice, parler de lui lors du VLEEL pour être conquis.

Thomas Gunzig ne vous donnera pas de réponse toute faite. Il est un romancier et non un essayiste. Il pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. Pour lui, la littérature est une invitation à se poser des questions et les romans doivent véhiculer des émotions aux lecteurs, ne pas les ennuyer mais les surprendre. Pari réussi !

Merci VLEEL et les éditions Au Diable Vauvert pour cette lecture. Une belle découverte pour moi, qui me donne envie de lire son précédent roman « Feel good » qui rejoint ma PAL !

Vous pouvez lire un extrait sur le site des éditions Au diable Vauvert ou en cliquant ici.

Note : 4.5 sur 5.

« – Bon sang, sois honnête : t’as bien vu qu’elle n’était pas dangereuse ! Ce qui te gêne, c’est que ça perturbe ta petite tranquillité ! Tu as peur pour ton petit confort ! Tu ne t’es jamais demandé ce que tu aurais fait pendant l’Occupation : est-ce que t’aurais caché des Juifs ou est-ce que tu les aurais laissés dans la rue ? Ou alors peut-être que tu les aurais livrés à la Gestapo ? Qu’est-ce que t’aurais fait si t’avais sur que des enfants juifs étaient cachés chez la voisine ? Tu les aurais envoyés à la chambre à gaz parce que tu aurais eu peur pour ta petite tranquillité ?

Mathilde se redressa et alluma sa lampe de chevet. Ébloui, Tom cligna des yeux et comprit qu’il avait touché un point sensible chez sa femme.

– ça n’a RIEN à voir ! dit-elle d’une voix forte. RIEN ! Tu ne m’as pas demandé mon avis ! On n’en a pas parlé ! Tu prends une décision sans te soucier de moi ou de ton père ou de Jérémie. C’est incroyablement égoïste !

Tom se redressa complètement. Le lit craqua sous son poids :

– Au contraire ! C’est l’inverse de l’égoïsme ! Je décide de rendre service ! J’ai toujours laissé tout le monde décider pour moi : t’as voulu habiter dans cette maison alors qu’elle est moche ! T’as pas voulu de deuxième enfant alors que j’en voulais ! Tu parles avec mon père dans mon dos et vous vous mettez d’accord pour qu’il vienne vivre avec nous sans me consulter ! Je n’ai jamais rien décidé pour moi ! Alors voilà, maintenant, je décide d’aider quelqu’un qui en a besoin ! Je décide de faire quelque chose de ma vie ! »

3 commentaires sur « Le sang des bêtes / Thomas Gunzig »

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