Premier sang / Amélie Nothomb

Mon rituel depuis 20 ans, lire le nouveau roman d’Amélie Nothomb avec mon conjoint. C’était le sujet de notre conversation lors de notre rencontre <3, chabadabada !

C’est toujours un bonheur de retrouver la plume d’Amélie. Celui-ci est plus personnel puisqu’elle raconte l’enfance de son père en Belgique. Elle lui rend hommage suite à son décès l’année dernière. Une porte s’ouvre chez les Nothomb. On comprend un peu mieux d’où vient son grain de folie et son amour pour la littérature.

Le roman débute par une scène de peloton d’exécution, Patrick Nothomb, diplomate, fait partie des otages de Stanleyville au Congo en 1964 et il se trouve être le condamné. Confronté à la mort, il nous fait part de ses réflexions avant de basculer rapidement sur l’histoire de son enfance.

Mourra-t-il au même âge que son père ? Est-ce qu’on reproduit forcément un schéma familial ?

Amélie se met à la place de son père pour nous raconter sa famille. Le personnage le plus marquant est celui du grand-père de Patrick, Pierre. Il est avocat mais surtout poète, ce qui ne rapporte pas beaucoup pour nourrir la flopée d’enfants qu’il a eu de ses deux mariages. Il a le titre de baron, c’est donc un noble et à cette époque on se marie uniquement entre gens de bonne famille. Afin d’endurcir Patrick, ses grands-parents maternels décident de l’envoyer un été chez les Nothomb, au château du Pont d’Oye. Je vous laisse découvrir par vous-même cet univers particulier pour éviter de gâcher votre plaisir de lecture. Je ne parlerai pas non plus du titre pour ne pas vous révéler le point faible de Patrick.

Ce roman se lit très vite, je me suis délectée, regrettant qu’il se termine déjà. La fan que je suis aurait encore voulu rester un peu avec les Nothomb.

On retrouve son humour et sa fantaisie, peut-être moins exacerbés car le sujet est plus intime. Bref j’ai adoré « Premier sang », un très bon cru !

Note : 4.5 sur 5.

« Pierre Nothomb avait baptisé les moindres pièces du Pont d’Oye. Même les toilettes – les seules de cette immense bâtisse – portaient un nom : le Trianon. La visite me fascina, j’allais passer deux mois en cet édifice auguste, quel honneur ! » 

« Le droit d’aînesse se traduisait chez les Nothomb d’une manière alimentaire : plus on était âgé, plus on pouvait espérer manger. Quand les plats arrivèrent à Charles et moi, ils étaient presque vides. »

« – Est-ce que Grand-Père est pauvre ?

– C’est difficile à savoir. Il ne sait pas lui-même. Ton grand-père ne vit pas complètement dans la réalité. Il est poète. Ce n’est pas ainsi que l’on gagne de l’argent. Il est aussi avocat.

Elle m’expliqua ce que signifiait ce mot.

– Malheureusement, il ne gagne guère d’argent avec ce vrai métier. Il n’a pas le don de choisir les affaires qui rapportent. La dernière personne qu’il a défendue, c’est Léontine.

– Qui est Léontine ?

– C’est la cuisinière. Elle était accusée d’avoir empoisonné son mari. Le procès a eu lieu aux assises d’Arlon, il y a deux ans. Tout le monde en parlait. Les preuves accablaient Léontine. Ton grand-père avait pris fait et cause pour elle. La plaidoirie s’est achevée sur un argument retentissant. « Messieurs les jurés, je crois tellement en l’innocence de cette femme que si vous la graciez, je jure sur l’honneur de l’engager comme cuisinière pour ma famille. » Il l’a emporté. Ce procès admirable ne lui a pas fait gagner un sou. Et nous voici avec une cuisinière qui, la malheureuse, n’a guère d’aliments à préparer. »

7 commentaires sur « Premier sang / Amélie Nothomb »

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