Ce roman post-apocalyptique nous plonge dans un monde où les hommes sont pour la plupart morts à cause d’un virus véhiculé par les oiseaux.
Nous suivons le quotidien d’une famille composée d’un couple et de ses deux filles. Ils vivent dans une cabane au milieu de la forêt. Un endroit dont les limites ont été fixées par le père et qu’ils appellent le Sanctuaire. Les filles ont interdiction de les franchir. Ils chassent et jardinent pour se nourrir.
La narratrice est la plus jeune des deux filles, Gemma. Elle est née dans ce monde post-apocalyptique. Alors que sa sœur aînée, June, a connu le monde d’avant avec une maison, des amis, des jouets, etc.
Près de la cabane se trouve une mine qui leur fournit du sel pour conserver le gibier chassé. Elle sert aussi de terrain de jeux aux filles. La mère y a trouvé un livre, sorte de carnet de bord qui recense les activités de la mine. Elle s’en sert pour écrire. Avant, elle écrivait des romans, Aujourd’hui elle n’a plus de papier pour écrire. Elle a une petite étagère constituée de livres trouvés dans les maisons vides, c’est la « bibliothèque d’Alexandra ». Elle fabrique des épouvantails pour éloigner les oiseaux. Elle aime par-dessous tout ses filles. Quand elle s’adresse à elles, elle leur dit « Mon amour, mon cabri ». Alexandra pense souvent à la vie d’avant avec nostalgie. Elle évoque presque tous les jours des souvenirs liés à la mer. Elle essaye de maintenir quelques événements festifs comme les anniversaire ou noël.
Le père est dur et sévère. Il entraîne ses filles comme des militaires : course, pompes, saut dans la rivière glacée, tractions. Il était sculpteur dans le monde d’avant. Aujourd’hui son objectif est de tuer tous les oiseaux, pour ne pas être contaminé. Il a donc entraîné Gemma au tir à l’arc et au lance-pierre. Quand ils tuent un oiseau, ils se précipitent pour le récupérer et le brûler. Ils ont toujours une gourde d’essence accrochée à leur ceinture et des allumettes quand ils se promènent en forêt. Le père a un lance-flamme. Quand l’essence vient à manquer, il part, seul, dans la vallée siphonner des réservoirs.
Vous l’aurez compris, dès qu’un oiseau plane au-dessus de leur tête, c’est tout un enchaînement de gestes bien répétés qui se mettent en place. La peur les saisit et il n’y a qu’une seule chose à faire, tuer l’oiseau et le brûler.
« Armer, viser, tuer : voilà ce pour quoi je suis programmée. »
Un jour, Gemma aperçoit un aigle avec son père. Quelque chose la retient. Elle ne tire pas assez rapidement, n’obéit pas dans la seconde à son père. Elle a blessé l’oiseau mais il n’est pas mort. Elle part à sa recherche pour terminer le travail. Elle s’éloigne de son père, dépasse la zone connue et voit un vieil homme avec l’aigle blessé. Le vieil homme s’en prend à Gemma. Il la traite de « bourreau d’oiseaux » et menace sa famille. C’est le chaos dans la tête de Gemma. Comment cet homme a-t-il pu toucher cet oiseau et ne pas être mort ?!
A partir de cette rencontre, Gemma ne va cesser de penser au vieil homme et surtout à l’aigle. Elle va attendre un prochain départ de son père pour tenter de les retrouver.
La suite est à découvrir dans le roman ! Il est court et certainement que comme moi, vous n’arriverez pas à le lâcher avant la fin qui est glaçante. L’histoire est prenante et les rebondissements s’enchaînent.
Au fur et à mesure, un fossé se creuse entre les deux sœurs. Leur vision du monde est tellement opposée qu’elles ne se comprennent plus. June est triste et en colère. Elle se sent prisonnière. Elle s’interroge beaucoup sur leur avenir et sur la future mort de leurs parents. Alors que Gemma est née dans ce monde, elle ne cherche pas à partir.
Evidemment le virus est un sujet sensible en ce moment.
Il m’a beaucoup fait penser au roman de Sandrine Collette, « Et toujours les forêts », que j’avais beaucoup aimé, mais avec une fin très différente. Petite pensée pour une collègue qui a la phobie des oiseaux (penser à la prévenir que ce roman pourrait fortement la perturber !).
L’écriture de Laurine Roux m’a beaucoup plu. Elle a reçu le prix révélation de la Société des Gens et des Lettres (SGDL) en 2018 pour son premier roman : « Une immense sensation de calme », également paru aux éditions du Sonneur.
J’ai d’ailleurs pu participer à une rencontre en visio avec les éditions du Sonneur au mois de novembre, avec Varions les éditions en live ou VLEEL pour les intimes. L’éditrice était passionnante, j’avais envie d’acheter tous les livres présentés. J’ai eu un gros coup de cœur pour cette maison d’édition.