Les hommes manquent de courage / Mathieu Palain

Jessie raconte sa vie ou plutôt comment celle de son fils de 15 ans, Marco, lui échappe. Il ne va pas en cours, n’obéit à personne, se drogue, fugue.

Un soir, Marco l’appelle et lui demande de venir le chercher à une fête. Cette nuit sera un moment de vérité. L’occasion de raconter les secrets de famille, d’essayer de comprendre les casseroles qu’on traîne, l’héritage familiale.

A l’instar de ses précédents livres, l’écriture de Mathieu Palain m’a happée avec notamment cette urgence à raconter l’histoire vraie d’une femme qu’il a vu pendant 1 an et lui a raconté sa vie. Il a changé les noms et les lieux. Cette femme devient un personnage sous la plume de l’écrivain et journaliste.

C’est un livre dur et bouleversant. Beaucoup de sujets de société sont abordés. Je préfère ne rien dévoiler pour vous laisser découvrir ce roman. Encore une lecture forte proposée par les éditions de l’Iconoclaste.

Note : 4 sur 5.

Incipit :
« C’est une nuit qui remonte à la surface. Je l’enfouis sous des couches de souvenirs, mais elle remonte, elle se fraye un chemin, elle me surprend devant les élèves, en salle des profs, à table au milieu d’une phrase avec des amis, le soir en prenant ma douche, le matin au réveil, assise au bord du lit. »

« A l’âge de 10 ans, alors qu’on se tenait au sommet des escalators de la Fnac Parinor, j’ai lancé à ma mère : « Tu te rends compte, maman, que l’homme de ma vie, il est là, quelque part ? » ça me rend triste d’y repenser. C’est elle qui me l’a mise dans le crâne, cette sale idée. Elle, Andersen, Perrault, Walt Disney, et tous les conteurs d’histoires de filles sauvées par l’homme qui allait donner un sens à leur existence. C’est absurde mais je l’ai encore, ce foutu rêve d’une moitié de moi-même qui serait là dehors, à m’attendre, et quand je regarde la catastrophe qu’a été ma vie amoureuse, je ne peux m’empêcher de penser que ça aurait été moins chaotique sans cette obsession pour le prince charmant. »

« Les histoires de famille, ça ne prend pas l’air à force d’être tues, et ça moisit. Au début, on ne voit rien. Comme un feu sous la terre, on n’interroge pas ce qui bout sous nos pieds, il est encore possible de faire comme si tout allait bien. Mais avec les années, tout le monde sera touché, les vieux chênes, les jeunes pousses, tout le monde en crèvera par les racines. Alors j’ai fini par admettre que ça n’existait pas, les familles sans problèmes, qui s’aiment et se parlent vraiment. Pas seulement de la pluie et du beau temps, du petit dernier qui fait ses dents ou de ce qu’on pense de la Palme d’Or, mais des familles dans lesquelles on ose répondre « non, ça ne va pas » quand la question vient après une longue absence. »

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