Nous sommes aux États-Unis. Paul a besoin d’une greffe d’organe. Son médecin l’envoie dans un institut « jeter un œil aux organes » pour voir si l’un d’eux lui conviendrait. Imaginez une piscine où flottent des organes. Une jeune femme en combinaison de plongée et palmes, Emily, s’occupe d’eux car sans contact humain ils dépérissent. Elle les surveille et retire ceux qui meurent.
Emily demande de l’aide à Paul pour retirer son équipement et l’instant d’après ils se retrouvent enlacés. Après leurs ébats, chacun rentre chez soi. Paul a très envie de revoir Emily. Puis d’autres événement viennent bousculer le cours de sa vie et sa recherche d’organe. Il rencontre Leo, un nettoyeur de moquette dépressif, avec qui il va partir en Islande.
Dans ce roman loufoque, on ne s’ennuie jamais. On va de rebondissement en rebondissement, sans savoir comment cette histoire se terminera. Les situations sont à la fois drôles et poétiques. En tout cas c’est très plaisant à lire et j’ai passé un excellent moment avec Paul.
Si vous aimez les univers décalés ou absurdes, l’imagination à foison ou vous laisser emporter par une histoire rocambolesque, ce roman devrait vous plaire.
Mention spéciale pour l’illustration de couverture réalisée par Candice Roger qui résume bien l’univers du livre. Il est traduit de l’américain par Guillaume Mélère, également éditeur de la maison d’édition indépendante qui publie cet olni (objet littéraire non identifié), les Monts Métallifères. Je vous invite à découvrir son catalogue. Plusieurs livres se trouvent actuellement dans ma PAL (pile à lire) et je vous en reparlerai à l’occasion.
Cette lecture me permet de valider la case « littérature américaine » du challenge de l’hiver VLEEL qui se termine dans quelques jours !
Incipit :
« Je pensais que j’étais en train de mourir, petit à petit et morceau par morceau. Certains jours je me sentais bien, comme si l’animal, ou la machine, ou ce que j’étais d’autre à ce moment-là, pouvait facilement accepter l’idée que toute cette affaire, cette histoire de mort, n’était qu’un mauvais rêve, certes éveillé, qui avait trouvé le moyen d’infiltrer mon esprit pendant que j’attendais au feu rouge au coin de la rue et que toutes les voitures faisaient leur vie autour de moi, crachant leur fumée dans mes poumons, me cassant les oreilles avec leur radio. Mais le truc, c’est qu’elles continueraient ainsi pour toujours, et moi pas.
Au fait, je m’appelle Paul.
Et puis le feu passerait au vert, et je me retrouverai ailleurs, dans une animalerie, ou sur un tabouret au comptoir d’un piano-bar, et je comprendrais que j’avais fait fausse route ; j’irais bien jusqu’au prochain battement de paupières, et puis soudain la mort serait là, de retour avec un grand sourire. »
« L’aéroport de Reykjavik correspondait assez à ce que n’importe qui pourrait imaginer, même quelqu’un comme moi qui n’était jamais allé en Islande. Il était plein de courants d’air, avec des snackbars qui servaient toutes sortes de poissons et du thé chaud, de grands carreaux de céramique teintés de couleurs désespérément joyeuses, des poubelles noires en forme de cartouches de revolver, et des personnages blonds dépressifs errant dans cet endroit qui avait dû incarner autrefois l’idée rassurante de déplacement, même si ce n’était que pour les autres. Toujours est-il que l’effet général, en dépit de l’obscurité, du froid, et de l’heure tardive, trahissait quelque chose de curieusement festif. C’était comme si, pour ces pauvres êtres humains toujours coincés sur leur morceau de glace de la taille d’une île, n’importe quel déplacement, même par procuration, même les arrivées et les départs de parfaits étrangers, était en soi un motif de réjouissance. »

Comme je suis contente de lire ton avis si dithyrambique ! J’ai relu la traduction de ce livre pour le travail et c’était un vrai régal.
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