La foudre / Pierric Bailly

Julien est berger. Trentenaire, il vit de façon plutôt solitaire dans le Jura. Un jour, il lit un fait divers dans le journal qui lui remémore son adolescence. Un homme du nom d’Alexandre Perrin a tué avec une planche un jeune homme. Julien partageait une chambre avec Alexandre Perrin à l’internat au lycée. D’abord incrédule, il pense que c’est un homonyme qui a commis cet acte violent. Et puis il se rend compte qu’il s’agit bien de celui qui l’a fortement influencé durant son adolescence, que ce soit dans son rire ou dans ses choix. Il prend contact avec Nadia, la femme d’Alexandre, qui était également au lycée avec eux. Ce SMS va changer sa vie.

Alexandre est vétérinaire et militant écologiste. Il est végétarien, contre la chasse. Julien se rend au procès d’Alexandre. Il décrit très bien l’ambiance et les scènes au tribunal.

Il raconte aussi par bribes son enfance, son adolescence, les amitiés, le passage à l’âge adulte. Son grand-père, John, est un personnage marquant de son enfance. D’ailleurs les gens surnomment Julien « John » ou « petit John » quand son grand-père était encore vivant.

La nature est très présente. Le roman alterne entre montagne et forêts. Les animaux sont également des personnages à part entières. Julien a deux chiens qui l’accompagnent dans la gestion du troupeau de brebis.

Ce roman foisonne de sujets à la fois actuels et intemporels. Julien est le narrateur. Il nous plonge dans son intimité, ses pensées, l’ambivalence de ses sentiments. Il parle de ce qu’il ressent et vit, de sa passion amoureuse, de la jalousie.

J’avais beaucoup aimé les précédents romans de Pierric Bailly et son écriture. Celui-ci a donc rapidement rejoint la liste des livres que je voulais absolument lire de la rentrée littéraire 2023. 457 pages qui ont défilées sans que je ne m’en aperçoive, c’est bien le signe d’un coup de cœur ! Décidément j’aime toujours autant me balader dans le Jura en compagnie des personnages de Pierric Bailly.

A lire si vous aimez les romans intimistes, au rythme lent, la nature et le Jura !

Note : 5 sur 5.


Incipit :
« D’abord ce nom, Alexandre Perrin, et un peu plus loin ce geste étrange et criminel, un coup de planche. La coïncidence me fait rire sur le moment. Quand je dis que j’en ris, c’est de son rire à lui, bien sûr. L’affaire s’est déroulée dans les environs de Lyon, l’article prétend que le coupable s’est rendu après vingt-quatre heures à se cacher dans la nature. Non, vraiment, je n’y crois pas une seconde, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il s’agisse d’un homonyme. Alexandre Perrin, c’est tout de même très commun. Et puis ce genre d’histoire ne lui ressemble pas du tout. Avant d’aller me coucher, je dépose le journal en haut de la pile et je n’y pense plus jusqu’à la visite d’Héloïse, le week-end suivant. »


« Après avoir passé plusieurs semaines chez mes grands-parents, il y avait toujours un moment où elle pointait son influence sur moi, et elle enrageait : « Tu parles comme lui. Si c’est pour que tu reviennes en te comportant comme papi John, tu n’iras plus… » Elle préférait me trouver des points communs avec sa mère. Je prenais ses menaces au sérieux. J’avais peur qu’elle m’interdise d’y retourner. Évidemment, je suis sûr que tout ça amplifiait mon attachement à la maison de La Rivière, à la montagne, à mon grand-père. Plus ma mère brandissait la menace et plus la forêt s’épaississait dans ma tête. Elle envahissait tout, comme ici dans la vallée, dont les deux versants sont quasi intégralement couverts de cette tignasse crépue d’un vert plus ou moins sombre et profond selon qu’il s’agit de taches de hêtres ou d’épicéas. »


« Je baigne depuis quelques jours dans ce climat que je pourrais qualifier de nostalgique, non, ce n’est pas de la nostalgie, un climat entre tristesse et ennui, appelons ça un léger cafard, et c’est encore de sa faute à lui, j’en suis sûr. C’est lui qui m’a mis tout ça dans la tête, quand il a commencé à parler de nos adolescences et de nos enfances qui rapetissent à mesure qu’on avance dans la vie. D’un point de vue arithmétique, on ne peut pas lui donner tort. Mais bizarrement, en ce qui me concerne, j’aurais presque l’impression inverse, l’impression que plus je vieillis et plus mon enfance et mon adolescence accroissent leur territoire. »

2 commentaires sur « La foudre / Pierric Bailly »

Laisser un commentaire