Déchirer le grand manteau noir / Aline Caudet

Ce roman ressemble davantage à un témoignage dans l’écriture. Une femme se bat pour échapper à son enfance maltraitée et surtout pour protéger ses enfants de ses parents toxiques.

Le livre débute avec la venue d’un huissier de justice qui sonne à la porte de Lucie pour lui remettre un pli. Ses parents l’attaquent en justice pour avoir le droit de voir leurs petits-enfants et les garder pendant les vacances scolaires. La peur et le malaise sont palpables tout au long de la lecture. Quelques bulles d’air et de bonheur trouent le « grand manteau noir » qui recouvre Lucie lorsqu’elle est avec ses trois enfants et son mari, Arnaud.

Les chapitres alternent entre présent et passé. Lucie raconte son enfance maltraitée, la haine de sa mère, l’emprise de son père, sa relation avec les autres membres de la fratrie. Puis elle fait le récit des différentes étapes avec la justice, le procès, leur avocat.

Ce roman très noir et dur s’inspire de faits réels. Une situation familiale qu’on espère unique mais qu’on suppose malheureusement exister ailleurs. Lucie déploie une force incroyable et admirable pour ses enfants, pour s’en sortir. Elle est épaulée par son mari dont on sent un grand amour les unir. La dépression n’est jamais loin. Lucie manque de confiance en elle.

Comme tout enfant, elle recherche l’amour de ses parents. Devenue adulte, elle s’éloigne d’eux pour reprendre le contrôle de sa vie mais « le grand manteau noir » est toujours présent. Le lecteur est plongé dans l’esprit de la victime. Il y a un seul point de vue dans le roman et peu d’éléments sur le ressenti des parents, mis à part l’audition chez la juge.

Si vous aimez les romans psychologiques bouleversants, celui-ci est pour vous !

Note : 4 sur 5.

Incipit :
« La sonnette retentit. Je sursaute, mon bébé dans les bras. Je ne comprends pas, j’ai pris soin de ne pas donner ma nouvelle adresse. Seuls quelques amis sont au courant. A chaque visite impromptue, j’ai beau me raisonner, une profonde angoisse m’étreint. »

« Le manteau noir, ce lourd et grand manteau noir de mon enfance… ça recommence. »

« A l’ombre des pins, tout est calme. On pourrait être bien là. Mais c’est fini pour moi, le grand manteau noir, celui de l’angoisse, m’a recouverte, je n’ai plus goût à rien. »

« En attendant, tous les vendredis nous allons à la médiathèque avec les enfants. Au milieu des livres, j’ai l’impression que le mal n’a pas sa place. Il reste à la porte. Rien de mauvais ne peut arriver ici. Enfant, j’ai passé beaucoup de temps à la bibliothèque municipale. Plusieurs heures d’affilée parfois. Estelle et moi faisions de la clarinette et du solfège à des horaires différents. Il nous fallait attendre, car ma mère ne voulait pas multiplier les trajets. La bibliothèque est restée un refuge pour moi. J’aimais le plancher d’époque qui craquait doucement à chaque pas. J’appréciais le calme, le silence qui n’évoquait pas l’isolement. Il n’y avait pas d’angoisse, mais une douce quiétude. Chacun vaquait à ses occupations, soit de lecture, soit d’écriture. C’était un lieu où je me ressourçais entre deux tempêtes. »

« Mais ce n’est pas fini, notre avocat a bien compris quel genre de personne est mon père. J’espérais toujours qu’il renoncerait, mais la folie ne lâche pas les hommes qui ne se remettent pas en question. Alors, je suis là, dans les couloirs du palais de justice, avec mon mari, pour protéger mes enfants. Est-ce que la justice sera assez clairvoyante pour ne pas les laisser entre les mains de ces monstres ? »

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