Matrix / Lauren Groff

Ce roman en 3 parties est le portrait de Marie de France, la « bâtarde », qu’Aliénor d’Aquitaine décide d’envoyer dans une abbaye en Angleterre, loin de la cour. Marie est trop grande et moche pour être mariée, il ne reste plus que le couvent pour l’accueillir. Enfin accueillir n’est pas le terme adéquat, car les nonnes y subissent la malefaim et la misère. Peu à peu Marie prend ses marques et se résout à cette vie. Elle prend même le pouvoir et gère très bien le domaine de l’abbaye, si bien que la vie des religieuses s’améliore très nettement. Marie a de grande idées pour sa communauté qui lui sont dictées par des visions. C’est ainsi qu’elle fait bâtir une forteresse autour du domaine pour protéger les nonnes et exclure les hommes. Tout cela attire des jalousies, mais Marie sait toujours faire face.

Il est question de sororité, de féminisme, de désir féminin, d’homosexualité dans ce roman médiéval.

Conseillé par Maria Larrea, lu avec Annie-Rose et Charles, j’avoue n’avoir pas été emportée par cette biographie romancée. C’est donc une lecture mitigée pour ma part, où j’ai été un peu perturbée par les mélanges de styles et de temps conjugués, les incursions de mots latins. C’est à la fois moderne et ancien, empreint de mysticisme. L’entre soi m’a également gênée. Bref je n’ai pas été convaincue par ce roman, ni son propos, un peu trop féministe avant l’heure, même si la vie et le destin de Marie sont intéressants.

Traduit de l’américain par Carine Chichereau.

Note : 3 sur 5.

Incipit :
« Elle sort de la forêt seule sur son cheval. Âgée de dix-sept ans, dans la froide bruine de mars, Marie, qui vient de France.
An de grâce 1158, le monde attend avec lassitude la fin du carême. Bientôt ce sera Pâques, qui vient tôt cette année. Dans les champs, les graines se déploient dans le sol noir et glacial, prêtes à jaillir à l’air libre. Pour la première fois, Marie voit l’abbaye, pâle et hautaine au sommet d’une butte dans cette vallée humide où les nuées venues de l’océan se tordent contre les collines et déversent leurs averses incessantes La plupart du temps, l’endroit est émeraude et saphir, il éclate sous la pluie, rempli de pinsons, moutons, moucherons, champignons délicats émergeant du riche humus, mais en cette fin d’hiver, tout est grisaille et ombres. »

« Plus tard, Marie se souviendra de ses premiers temps à l’abbaye comme d’une période noire et lourde. Lorsqu’elle regardera en arrière, elle aura l’impression de contempler la nuit au-dehors depuis une pièce éclairée ; rien à voir, si ce n’est son propre visage, suspendu telle la lune.
Les nonnes sont tellement affamées que leurs têtes ne sont plus que des crânes décharnés dans le sombre dortoir. On sert une soupe où l’on fait bouillir de la viande, qu’on retire ensuite pour la réutiliser dans d’autres soupes. Les ongles sont aussi bleus que le ciel. »

« Sans la première matrix, il ne peut y avoir de salvatrix, la plus grande matrix entre toutes. »

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