Sous ce magnifique titre poétique se trouve une histoire qui vous emportera à travers le 20ème siècle et plusieurs pays. Ce roman commence comme un conte. Nous faisons la connaissance d’Anton Torvath, le personnage principal, et de sa famille. Il est tzigane et fait partie d’un cirque où il est dresseur de chevaux. Malheureusement ce « fils du vent » va traverser de terribles épreuves, notamment les ghettos en Pologne et les camps. Malgré la dureté et la réalité des faits racontés, impossible de lâcher ce roman et d’abandonner Anton. C’est un personnage tellement attachant, toujours optimiste, une belle âme. Il y a aussi le vieux Jag et son violon, des jeunes femmes très courageuses, etc.
La plume d’Alain Mascaro avance dans l’Histoire avec un souffle romanesque que j’ai beaucoup aimé. Un roman plein d’humanité qui rend hommage aux Tziganes, aux Juifs. L’auteur a parsemé les phrases de mots en langues étrangères qui permettent de se plonger davantage dans l’histoire. Un roman intéressant pour les adolescents, en tout cas qui plaira à un large public.
Le personnage de Chaim Rumkowski, doyen du ghetto de Lodz, a réellement existé. Certaines parties du livre sont véridiques et d’autres imaginées par l’auteur.
J’ai eu l’occasion de suivre une rencontre très intéressante (VLEEL) avec Alain Mascaro et son éditeur Alexandre Civico. Elle sera bientôt disponible sur Youtube et en podcast. Ce premier roman est un véritable coup de cœur. Il augure d’autres magnifiques romans à venir et je m’en réjouis.
« Avant que le monde ne se ferme » a reçu le Prix Première Plume 2021 décerné par le Furet du Nord.
Incipit :
« Tout commença dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camp. La voix du violon de Jag planait par-dessus l’hiver immobile qui parfois arrêtait le cœur des hommes. »
« Ainsi l’enfance ne fut qu’errance et mouvement, à la lenteur d’une paire de chevaux tirant une roulotte, la parfaite vitesse pour prendre la mesure du monde. »
« Oui, Anton eut le temps de s’imprégner de la beauté. Il la recueillait en lui au fil des chemins, il s’en nourrissait, il l’espérait sans cesse et sans cesse elle venait. Pourtant il savait qu’un jour elle lui serait retirée. Johann l’avait dit, son père le disait, Jag et les livres aussi. C’était dit, c’était écrit. L’histoire des hommes était ainsi faite qu’on ne pouvait pas faire un pas sans s’embourber dans un charnier. »
« On s’était habitué à la mort à une vitesse effrayante. On s’était habitué à laisser les proches sur une charrette, sans cérémonie, presque sans pleurs. On était comme anesthésié, hébété. La mort était devenue banale. »
« L’idée de la mort de ses parents – et encore moins la sienne – ne lui faisait pas peur, non, c’était la souffrance de l’autre qui était abominable. La mort était abstraite, inimaginable, on ne savait pas de quoi elle était faite ; peut-être de néant, d’un incommensurable vide ; en tout cas, c’est ce qu’elle laissait chez les vivants. La souffrance, elle, avait une épaisseur, un visage, et en luttant de toutes ses forces peut-être pouvait-on la chasser, ou simplement la soulager. »
Tu m’intrigues 🙂
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Je rajouterai la vidéo de la rencontre quand elle sera publiée 😉
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Super, merci !
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