Par-delà nos corps / Bérengère Cournut

Ayant adoré « De pierre et d’os » j’ai voulu lire d’autres romans de Bérengère Cournut. J’ai réservé celui-ci à la bibliothèque et je m’aperçois qu’il répond à un autre livre de Pierre Cendors, « Minuit en mon silence », également paru aux éditions du Tripode (que j’adore). J’ai tout de même commencé par celui de Bérengère Cournut n’ayant pas l’autre sous la main.

C’est dans un registre totalement différent que ce court livre m’a emportée. Il s’agit d’une lettre d’une femme française adressée à un homme allemand en 1939. Elle répond à sa lettre de 1914 qui se trouve être « Minuit en mon silence ».

Else et Werner ont été amants avant que la guerre éclate et les sépare. Dans sa longue lettre, elle lui raconte sa vie depuis, notamment la mort de son mari à la guerre, son errance sur le front et en Europe avant de retrouver l’amour et de devenir mère.

On ressent une mélancolie et les horreurs que la guerre a fait subir aux familles. Mais on sent aussi une femme passionnée, amoureuse, une ode à la vie. Un beau portrait de femme en somme, complété par une lettre de ses enfants à la fin du roman.

Je n’ai pas été gênée par le fait de ne pas avoir lu la lettre posthume de Werner en premier. Au contraire j’ai pu aisément imaginer leur histoire, évoquée avec talent par l’écrivaine.

L’écriture est magnifique, sensible et poétique. Cela me confirme que Bérengère Cournut fait partie de mes autrices chouchous. Maintenant je suis impatiente de lire la lettre de Werner écrite par Pierre Cendors et de prolonger cette merveilleuse lecture.

Une nuit d’hiver, accablée, révoltée par ces rêves violents, j’ai demandé à la terre pourquoi elle m’infligeait ces images, et si les femmes devraient mourir, elles aussi, pour payer le crime de quelques hommes d’armée, d’État et de banques.

Vous me l’avez dit à votre façon : l’amour est un récif planté en pleine mer. Aussi inaccessible qu’inattaquable. D’une certaine manière, même si ce n’est pas la plus éclatante, nous avons réussi, vous et moi, à nous rencontrer, à nous aimer par-delà nos corps, la guerre et la mort. Vous êtes une goutte d’eau dans ma vie, et c’est cette goutte-là qui, au fil du temps, a étanché ma soif, ma fièvre et mon tourment. J’ai trouvé en vous une ombre, bienfaisante, où le fracas et le silence coexistent en une même région retirée.

Je sais à présent que le visage après lequel je courais était celui de mes enfants. Et qu’ils portent en eux l’avenir du monde. Puissent-ils avoir des fils et des filles qui, cent ans après eux, soient faits du même bois ancien, toujours renouvelé.

La vie n’est rien de plus qu’une onde qui résonne d’un cœur à l’autre. Je suis heureuse que les deux nôtres, un jour, aient vibré à l’unisson.

Note : 4.5 sur 5.

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