Le lièvre d’Amérique / Mireille Gagné

Voici un roman singulier de cette rentrée littéraire. Le personnage principal s’appelle Diane. On fait des allers-retours dans le temps et donc dans la vie de Diane. Les chapitres sont entrecoupés de pages explicatives sur le lièvre d’Amérique : son comportement, son alimentation, ses prédateurs, sa reproduction, son territoire.

Elle a grandi sur l’Îsle-aux-Grues, un archipel d’îles au Canada. De son enfance, elle nous parle surtout de son ami Eugène, un fervent défenseur des animaux chassés. A l’âge de 15 ans, il disparait mystérieusement. Elle nous parle de la mer et de ses dangers (marées).

Aujourd’hui, elle vit seule, dans un appartement aseptisé en ville. Diane est une travailleuse acharnée, une employée modèle qui arrive tôt et part après tous ses collègues. Mais Diane est jalouse de l’une ses collègues. Son unique objectif est de la surpasser. Alors elle a pris rendez-vous pour une opération qui lui permettra de dormir moins et de travailler davantage.

Le roman s’ouvre à J+1 de l’opération et nous observons avec Diane ses effets sur son corps et son mental. Des effets surprenants, on dirait bien que ses yeux s’agrandissent, que son rythme cardiaque s’accélère, qu’elle devient rousse avec des taches de rousseur de plus en plus nombreuses…

Ce roman est très court et il m’a captivée. Je voulais découvrir en quoi allait se transformer Diane à la suite de cette opération mystérieuse. Je dois dire que la couverture a également attiré mon attention. Une très belle illustration colorée de Stéphane Poirier recouvre la totalité de la couverture. C’est un bel objet, une illustration en noir et blanc est insérée régulièrement entre les chapitres tels des intercalaires. La mise en page est soignée (design graphique et mise en page par l’Atelier Mille Mille). A la fin l’auteure a glissé un lexique de vocabulaire maritime, parler rural de l’île-aux-Grues. Vous trouverez par exemple la définition de « grignons » : « des mottes de terre ou de glaces durcies par la gelée ». J’ai adoré tous ces mots, une véritable invitation au voyage sur cette île que je ne connaissais pas. Une belle découverte ! Laissez-vous tenter !

L’éditeur décrit ce roman comme « une fable animalière néolibérale, [qui] s’adresse à celles et ceux qui se sont égarés ». Ainsi on nous dit que le roman est une adaptation libre d’une histoire algonquienne racontée par Alanis Obomsawin sur les ondes de la radio CBC en 1970, une légende indienne ! Elle relate les origines de Nanabozo, « une figure mythologique issue des traditions cosmologiques des peuples algonquiens ».

Si vous voulez en savoir plus sur Nanabozo : « Polymorphe et sans sexe défini, il ou elle apparaît le plus souvent sous la forme d’un lièvre. Envoyé sur la terre par le Grand Esprit Manitou et parfois lié à la création du Monde, Nanabozo est tantôt enseignant et bienfaiteur des humains, tantôt farceur. »

Note : 4.5 sur 5.

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