Le ballet d’Augustine / Florence Stevenson

Quand on m’a proposé ce roman en service de presse, j’ai dit oui de suite. Le thème des chevaux et de la médiation animale intéresse tout particulièrement ma fille. L’occasion de partager une lecture avec elle.

Même s’il est question d’équidés, ce premier roman est surtout très humain et parle de résilience. Augustine est une fille de 11 ans, originaire de La Réunion, qui suite à un cyclone se retrouve orpheline en France. Elle est recueillie par Jeanne, une jeune femme qui vient d’acheter une propriété pour y élever des chevaux. Elle a aussi vécu une partie de son enfance à La Réunion avec sa sœur jumelle Adrienne. Augustine ne parle plus depuis le drame. Jeanne essaye d’aider Augustine par l’intermédiaire des chevaux. Elle noue une très belle relation avec un poulain, Verdi.

On découvre au fur et à mesure le projet de Jeanne. Il y a aussi une merveilleuse relation entre les deux sœurs. On sent poindre un secret. Mais je ne vous en dis pas davantage. En tout cas j’ai passé un excellent moment de lecture, tout en douceur. J’ai fait de belles rencontres avec des personnages attachants et des chevaux bien évidemment.

Ce roman empli d’émotions s’inspire de la vie de l’autrice et promeut la reconstruction auprès de chevaux et un respect de l’animal dans son éducation. Un livre qui plaira assurément aux amoureux des chevaux et aux passionnés d’équithérapie.

Il a reçu le Prix du roman Femme Actuelle 2025 et il figure parmi la sélection du Prix littéraire 30 millions d’Amis.

Je remercie les éditions Les Lauréats pour cette lecture.

Note : 4.5 sur 5.

Incipit :
« Georges était inquiet. Il n’avait jamais vu autant d’eau s’abattre d’un seul coup sur l’îlet de La Nouvelle, son village niché dans le cirque montagneux de Mafate. Pieds nus, le pantalon de son bleu de travail retroussé aux mollets, le col de sa veste relevé, il houspillait sa vache de sa baguette de bambou pour qu’elle presse le pas. »

« Jeanne voulait se consacrer à l’enfance en détresse. Adrienne ne fut pas surprise de cette décision. Elles en avaient parlé ensemble à maintes reprises, depuis longtemps. A dire vrai, depuis l’accident. Celui qui, une nuit de juin 2012, les avait réunies dans le même effroyable chagrin. Au-delà de leur solide relation gémellaire, on devinait, entre elles deux, une douleur partagée. Une souffrance à une sorte d’urgence, un morceau de nuit suspendu au-dessus de leurs têtes. Un événement les avait projetées, ensemble, dans le même gouffre. Lorsque sa sœur lui fit visiter le domaine de la Drôme, Adrienne comprit immédiatement que le grand saut serait imminent. »

« Les sœurs aimaient follement s’asseoir à même l’herbe du petit tertre, les bras encerclant leurs jambes, le menton posé sur les genoux, l’œil comblé. La lumière, juste avant son évanouissement, offrait ses dernières splendeurs. La brise taquinait leur peau. Surplombant le pré, face à l’horizon rougeoyant, elles observaient les chevaux de Jeanne. On en comptait sept. Quel chemin parcouru ! Grâce à ce virage effectué par celle-ci, Jeanne et Adrienne étaient désormais fidèles à leur promesse d’enfant : vivre auprès des chevaux. Adrienne ne se rendait plus au club hippique près de Lyon. Elle passait désormais tout son temps libre au domaine, donnait un coup de main à sa sœur. Il y avait tant à faire.
Jeanne avait constitué durant l’été, avec beaucoup de soin et de précaution, son troupeau de hongres et de juments. La sélection reposait essentiellement sur leurs capacités à s’adapter afin de devenir de parfaits médiateurs – cela allait de soi – mais tenait compte aussi de leur état général de santé. A l’exception de l’un d’entre eux, un vieux pur-sang de course, ancien galopeur dont, confiait-elle à sa sœur, le regard avait croisé le sien. On s’apprêtait à le jeter dans le camion du dernier voyage… Il était affublé d’un nom ridicule, Lulu. Elle décida que Lully lui siérait davantage puisque, affirmait-elle, c’était un seigneur. Adrienne ne voyait pas en quoi ce vieux cheval, maigre et osseux, au dos creux et aux côtes saillantes, avait un quelconque rapport avec l’allure seigneuriale. Jusqu’à ce qu’elle aussi soit chamboulée par son regard. Un océan de bonté ! »

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