Sur une île où tout le monde se connaît, on s’aperçoit que les chats ont disparu. Après ce phénomène inexplicable, des fonctionnaires arrivent et remplacent les chats par des chiens qu’on appelle des chats, totalement absurde. Certains, comme notre narrateur, font de la résistance. Il ne veut pas prendre de chien. Mais à force de parler et d’argumenter, il se laisse embrouiller l’esprit.
Sorte de conte ou fable dystopique qui n’est pas sans rappeler Matin Brun ou 1984.
Un court roman de 122 pages qui interroge notre liberté, notre libre arbitre, nos besoins par rapport à nos désirs, l’uniformisation de la société, le choix des mots (langage) et la manipulation des populations. Ce premier roman se lit très facilement. Avec un ton très doux, une poésie et une musicalité dans les phrases, c’est une très belle lecture que je vous recommande.
Et je coche la case « un roman insulaire » du challenge de l’été VLEEL !
Incipit :
« Imagine une île avec des chats.
Des domestiqués, des pantouflards et des errants, qui se baladent un peu chez l’un, un peu chez l’autre, pas faciles à apprivoiser, mais qui aiment bien se laisser caresser de temps en temps. Et puis aussi, des qui viennent toujours quand on les appelle, des qui s’échappent la nuit pour funambuler sur les toits, d’autres qui rentrent au contraire pour se blottir contre soi.
On ne trouvait pas de chiens sur cette île, enfin si peu que ça ne comptait pas. Ils s’avèrent utiles, mais c’est vrai qu’ils sont contraignants. Faut s’en occuper, les promener, les dresser. Ils sont dociles et sympas, bien sûr, et je n’ai rien contre, mais franchement, moi je suis un homme à chat. J’aime leur indépendance, leur indifférence aussi. A l’époque, j’aimais surtout l’idée qu’ils venaient à moi quand ils le voulaient, d’égal à égal, pas par fidélité, habitude, ou parce qu’ils ne savaient pas où aller. Et sur notre île, on avait des chats, beaucoup de chats.
Puis ils ont disparu, sans qu’on le voie vraiment d’ailleurs… »
« Les chats pour nous, c’était comme la liberté, c’est quand on la perd qu’on se rend compte qu’elle manque. »
« Je suis resté là, un bel idiot, à la regarder faire. Elle ne disait rien, elle inspectait la maison comme si elle avait l’intention de l’acheter. Elle a même ouvert les placards. De temps en temps, elle me souriait. Moi, je devais avoir une tête de hareng. Le vieux du phare me comparait toujours à ça quand je tournais en rond comme un poisson qui avait perdu son banc. Ben là, tout pareil. »
