Lorraine brûle / Jeanne Rivière

La narratrice vit à Metz. Elle a un fils de 12 ans, Tarzan. Elle est séparée du père. Elle travaille à Nancy et donne des concerts. Il parle aussi de ses cochons d’inde.

Elle est entourée de personnes plutôt paumées, portées sur l’alcool voire les drogues. Certaines sont adeptes des soirées BDSM. D’autres apprennent une maladie, un cancer.

Ce premier roman est un récit à la première personne. On entre dans l’intimité et les pensées de la narratrice. Elle a peur de la mort, de perdre des êtres chers. Chaque chapitre se clôt par une phrase en lien avec la natation ou la piscine. Ce lieu semble permettre à la narratrice de se ressourcer, de retrouver son calme dans le tourbillon de ses pensées angoissantes.

J’ai trouvé ce roman intéressant car au-delà des conditions sociales de Lorrains en marge, il y a une voix singulière, celle de l’autrice, à la fois poétique et crue. Elle a le sens de la formule ou des punchlines. On ne peut s’empêcher de penser à Nicolas Mathieu, qui est d’ailleurs cité dans le roman. Elle évoque la maternité, l’amour, le corps de façon directe.

Une voix et une plume à découvrir !

Note : 4.5 sur 5.

Incipit :
« Je suis née à Metz en même temps que le sida et l’arrivée de la gauche au pouvoir. Les années 90 ont laissé leur empreinte sur moi : j’aime danser des slows et rouler des pelles. Je fais de la batterie dans des groupes plutôt punk, je prends le train pour aller travailler au bureau 48 et je m’occupe de mon enfant. Je vis dans la Lorraine sinistrée et peu attrayante mais on y trouve une énergie du désespoir. Ici, on est connus pour organiser des concerts sauvages sous le pont de l’A31, on se vautre dans nos histoires consanguines et comme dirait mon copain Bruno on partage tous la même souche de chlamydia. C’est insupportable et réconfortant. »

« Emma, c’est du Baume du Tigre. Le rouge. Sa présence te répare mieux que Carglass quel que soit ton problème. Peine, moteur, rouage, angoisse ou nausée. En plus, en ce moment, elle se forme l’hypnose. »

« Évidemment que j’ai honte de ce que je dis. De presque tout.
Mais si je réfléchis à ça j’écris rien. Et je crois qu’il faut écrire ce qui nous fait honte. Faut parler des eaux usagées et des descentes d’organes. Tant pis pour la peur d’être monstrueuse et rejetée. Si personne dit rien, si tout le monde fait semblant, nos évidences seront faites de mensonges. »

« On vit tous dans des bulles parallèles et chaque existence est tragique. »

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