Corps de ferme / Agnès de Clairville

L’autrice réussit à raconter la vie d’une famille d’agriculteurs à travers le regard et la voix de ses animaux : la vache pie noir, la chienne épagneule et le chat tigré. Ce procédé permet de voir ce qui se passe partout, dans la maison avec le chat, à l’extérieur avec la chienne et la pie avec de la hauteur un peu plus tard.

Le début peut être déroutant car la naissance des petits est plutôt abstraite. En tout cas l’écriture est intéressante. L’autrice a la capacité de se mettre à la place d’un animal et de décrire ses sensations.

Au fur et à mesure de la lecture, les secrets et surtout le drame qui se joue au cœur de cette ferme émergent doucement. J’aurais aimé parfois que le rythme s’accélère. Mais le roman suit le rythme de la ferme avec la traite du matin et du soir, les naissances, etc. C’est le cycle de la vie. On accompagne les animaux de leur naissance à leur mort.

Il n’y a aucun prénom : le fermier/le maître, la fermière/la maîtresse, le fils/l’enfant. Le fils aîné est l’héritier, celui qui reprendra la ferme et qui va à la chasse avec le père. Il n’a pas le choix de son avenir. Quant au cadet, il est maltraité par son frère. C’est un peu le mal aimé, le petit dernier dont on ne sait pas quoi faire. Et puis il y a les difficultés liées au métier d’agriculteur, financières, les normes sanitaires, etc. Tout paraît réaliste et décrit avec justesse.

Ce roman chorale se déroule en 10 parties sur 15 ans. Il débute par le chœur des porcelets. Ensuite, comme dans un puzzle, les témoignages des différents animaux donnent des indices sur le drame qui arrive.

J’ai pensé à Marie-Hélène Lafon à l’évocation de la campagne et de la vie à la ferme, mais aussi à Claudie Hunzinger pour la relation entre les hommes et les animaux.

Une lecture que je vous recommande si aimez les romans originaux !

Et je coche la case « un roman sous pseudonyme » du challenge de l’été VLEEL !

Note : 4 sur 5.

« La vache pie noir
On n’entend rien. Ma piscine chaude flageole. Deux pas lourds, puis ça s’arrête. Une chaleur se colle à la piscine, d’un côté. On la rejoint. On se frotte contre l’autre boule. Tiède comme moi. On se frotte à travers nos piscines. Je tète l’eau. Son goût sucré. Je m’endors. Les poches autour de moi grondent, se gonflent, se dégonflent. On est bien. »

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