Ce roman d’aventure dresse le portrait d’une jeune Anglaise, exilée dans une colonie pénitentiaire en Australie à la fin du 18ème siècle.
Elizabeth s’évade et tente de survivre dans la nature. La soif et la faim se vont vite sentir. Puis elle rencontre des aborigènes. Elle découvre une autre culture, un autre rapport à la nature. Elle garde toujours en tête son projet de retourner en Angleterre. De multiples rebondissements mènent les lecteurs vers une fin inattendue.
J’ai aimé être plongée dans la vie de cette tribu, à son rythme. Il y a de très belles descriptions de la nature. L’écriture est belle et poétique. Elle s’appuie beaucoup sur les sens. Le vocabulaire est riche. J’ai rencontré plusieurs mots que je ne connaissais pas.
Comme toujours, une sympathique lecture faite grâce au Bookclub VLEEL du mois de juin. Et comme j’aime beaucoup les éditions du Sonneur, j’enchaîne avec la lecture du « Mont des Ourses » d’Émilie Devèze.
Incipit :
« J’ai attendu la nuit. Attendu que s’apaisent les clameurs et les plaintes. Que s’épuise dans les confins du jour le fracas des rixes et des disputes. J’ai guetté le sommeil des prisonniers, des marins et des soldats. Retenu ma respiration pour ne manquer aucun signe, aucune alerte. J’ai compté les pas des sentinelles. Les rondes. Les heures. Attendu encore. Jusqu’à cet instant. Le camp gît, animal monstrueux, sous un édredon de silence qui laisse venir à moi le chuchotement de la forêt. Son appel se faufile à travers les râles et les soupirs, le souffle des corps endormis, les mots brefs échappés des cauchemars. J’écoute son murmure, que fend tout à coup le signal perçant de l’effraie ombrée. Le moment venu. Ce jour qui débute sera le premier jour de ma liberté. »
« J’écoute les voix de la tribu et, peu à peu, mon âme, elle aussi, essaime ses rêves dans les pierres, les grains de sable, les épines de spinifex, l’écorce de l’arbre à pain, les fleurs de l’eucalyptus, dans la mousse de la mare aux poules noires et dans l’ourlet des nuages, glisse sur les écailles du barramundi, palpite dans le cœur des vallées, vole avec les étourneaux dans la rosée du ciel nocturne, épouse ce pays qui m’accueille avec indifférence et générosité. Et le cri du kookaburra, qu’à la colonie nous percevions comme un horrible ricanement défiant notre malheur, n’est ici rien de plus que le rire d’un oiseau. Un écho à celui des femmes et aux clameurs joyeuses des enfants. »

Un avis sur « Dans le rêve de l’arbre creux / Agnès Clancier »