Ce roman nous plonge dans le quotidien de professeurs dans un collège en zone prioritaire d’éducation. Le projet de construction d’une maison des sports à proximité bouleverse leur vie. La mairie et le département ont décidé de faire passer une route sur les jardins du collège. Tout le travail accomplit sur ce jardin avec les jeunes est en péril. Ce coin de nature est un refuge pour certains et un espace pédagogique très positif.
Les professeurs se mobilisent pour que le jardin ne soit pas détruit et que la route passe par un autre endroit. L’auteur brosse le portraits d’enseignants et de collégiens qu’on a envie de suivre.
J’ai trouvé très intéressant la description du travail des professeurs. On constate malheureusement le manque de moyens, le manque de reconnaissance, l’usure et le découragement de ceux-ci. Au final, ce sont les enfants qui en pâtissent. Différentes situations d’élèves sont abordées. Il y a notamment Aliou, immigré, sans famille en France qui va de foyer en foyer.
Je m’imagine très bien ce roman adapté au cinéma. Il y a une belle entraide entre les professeurs ; Mathieu, Marie, Yann et Julien notamment.
Je ne résiste pas à partager la magnifique devise du collège qui est une citation de Nelson Mandela : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ».
Cette lecture est une recommandation d’Alexandra Koszelyk lors d’une rencontre VLEEL. Un livre très actuel et touchant à découvrir.
Je remercie Netgalley et Fayard pour cette lecture.
Incipit :
« La rentrée revenait avec appréhension au collège – et Matthieu avec elle. »
« – C’est quoi le zbeul ?
– Ah, le zbeul, m’sieur… »
Les yeux de Nabil pétillèrent.
« C’est trop bien, le zbeul. Le zbeul, m’sieur, c’est l’bordel.
– Et c’est trop bien ?
– Ouais, parce que c’est l’bordel, mais pas genre « C’est l’bordel ici ! »… Enfin si, mais pas que ça. Le zbeul, c’est du bordel qui fait la fête, vous voyez. Le zbeul, c’est tout ce qui fait péter un câble aux vieux : le bruit, la musique, quand ça rigole, les jeunes, les chambres où ça traîne partout, les mots mal dits et les phrases pas bien faites quand on les comprend quand même… C’est tout c’qu’est pas bien rangé, le zbeul, tout c’qu’est pas à sa place.
– Et c’est ça qui est « trop bien » ?
– Je sais pas si c’est bien, mais c’est la vie, quoi !
– Si tu le dis.
– Mais vous inquiétez pas, m’sieur, on va être sages pour vous. Zéro zbeul ! »
« C’est peut-être vrai ; mais est-ce que tu as mieux à proposer ?
– Moi, je suis juste une enfant. Je vous dis ce qui va pas. Et ça devrait être aux adultes de donner des solutions. Pas l’inverse. »
Matthieu n’eut plus grand-chose à opposer. Comme souvent désormais, il se trouvait écartelé entre ce qu’il pensait profondément en tant que citoyen et le discours officiel qu’il était payé pour relayer. La démocratie. L’égalité des chances. L’ascenseur social. Foutaises sur foutaises. Les mensonges érigés en dogmes avaient pu fonctionner sur sa génération et les précédentes parce qu’elles étaient parfaitement conditionnées, biberonnées à la soumission à l’autorité, à la déférence. Sages. Polies. Mais celle et ceux qu’il avait en face de lui n’avaient plus le temps pour cela. Ils avaient bien compris que tout était en train de péter de partout, qu’ils n’y étaient pour rien, mais qu’on leur demandait d’obéir aux responsables de la merde dans laquelle ils auraient à survivre. Ils n’avaient sûrement pas les solutions aux problèmes posés par d’autres ; comment les en blâmer ? »

Un avis sur « Les jardins de Mandela / François-Xavier Cottin »