Un printemps en moins / Arnaud Dudek

J’avais beaucoup aimé le premier roman d’Arnaud Dudek. J’avais donc repéré ce nouveau roman dans la rentrée littéraire et sur Netgalley.

Il s’agit d’un roman choral assez court. Il y a la voix de Gabriel, de son père Martin et de sa professeure Romane.

Gabriel est un adolescent dans le coma. Il nous livre par bribes des éléments de sa vie et on comprend au fur et à mesure qu’il a tenté de se suicider suite au harcèlement qu’il a subi.

On retrouve un autre thème cher à Arnaud Dudek, la relation père-fils. Martin raconte avec pudeur son impuissance face au geste de son fils, la vie qui s’arrête et continue à la fois.

Romane vient lire des poèmes à cet élève dont elle se sent quelque part responsable. C’est cette voix qui va accrocher Gabriel à la vie.

La plume d’Arnaud Dudek me plaît beaucoup et me touche particulièrement. J’aurais bien lu encore quelques pages de cette histoire et continué un petit bout de chemin avec ces personnages. Un roman à mettre entre les mains des adolescents. Un auteur que je continuerai à lire assurément. Avez-vous déjà lu un roman de cet écrivain ?

Je remercie Netgalley et Les Avrils pour cette lecture

Note : 4.5 sur 5.

Incipit :
« Gabriel
Nous sommes le lundi 8 mai. Grâce à la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, le pays ne travaille pas. Au lieu de remplir des tableaux Excel, de préparer du mortier ou de vendre des chaussures, certains soufflent sur les braises du premier barbecue de l’année ; d’autres optent pour le visionnage d’une comédie sentimentale sous un plaid qu’il faudrait songer à nettoyer ; d’autres encore font du vélo en forêt. Et puis il y a les enfants qui jouent avec toutes sortes de balles dans des jardins, des parcs, des impasses – des gamins trempés de sueur qu’il faudra menacer d’une punition, le soir, quand ils refuseront de se laver.
Un 8 mai, c’est un avant-goût d’été offert par les obus de la Seconde Guerre mondiale, c’est la grisaille qui capitule, c’est un armistice avec le temps signé à l’encre rose, sans chichis, sans chouchous, mais avec un premier coup de soleil sur la nuque. Pas de mauvaises ondes, de perturbations, juste le bruit d’un taille-haie, juste le robot aspirateur qui démarre sa saison au fond de la piscine, juste ce rayon vert sous l’horizon qu’on a encore raté à cause d’un collier de nuages. Un 8 mai, en principe, c’est doux, c’est léger.
Pas pour toi. »

« Romane
Sur le siège des toilettes d’Octave, ça ne tourne toujours pas rond, pas rond du tout dans la tête de Romane, ça tourne, c’est certain, mais c’est de la spirale, de l’ovale, du grand n’importe quoi, elle se dit qu’elle va démissionner, quitter l’enseignement, ouvrir un food truck au lieu de se sentir démunie face à des TDAH, des dyslexiques, des dépressifs, ras le bol du manque de formation, du manque de considération, et puis il y a le garçon qui se jette de nouveau par la fenêtre, à midi, à l’heure de la cantine, elle le regarde, elle ne peut rien faire, il s’écrase, la nausée revient. »

« Martin
Je mène une existence pleine à ras bord pour ne pas avoir à réfléchir trop souvent. Avec des œillères. Avec aussi un sentiment d’inutilité épisodique. A quoi bon publier des livres. A quoi bon faire grandir des enfants. A quoi bon gâcher du papier. A quoi bon peupler une terre usée. A quoi bon conseiller des treks communautaires en pays berbères, compléter des formulaires, repasser des chemises, avancer. Je mène une existence pleine à ras bord pour ne pas flancher. »

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