Le Buzuk c’est le chien de Joséphine, 70 ans. Enfin plutôt celui de son défunt mari et contre toute attente, elle a décidé de le garder alors qu’elle n’a aucune affinité avec lui. Ses enfants la surveillent de près et préfèrent lui retirer la garde de ses petits-enfants durant les vacances.
Joséphine, elle, n’est pas prête à abandonner son indépendance pour aller dans une maison de repos. Elle est très active. Elle décide d’ailleurs d’entrer au Conseil des sages de son village pour s’insurger contre le projet de golf sur la Couette de plumes. J’ai oublié de vous préciser que ce roman se déroule en Bretagne, en bord de mer. Il est parsemé de mots en breton, traduits en note de bas de page.
De jeunes campeurs s’installent sur cet îlot et en font une ZAD. L’autrice brosse alors une série de portraits hauts en couleurs. Tous les zadistes se nomment Gwenn. Le Buzuk devient la mascotte des zadistes.
Joséphine est la narratrice du roman, dans une sorte de journal, elle s’adresse à son défunt mari, Jacques, qu’elle entend par moment. La langage est familier voire fleuri. Un premier roman teinté d’humour, avec un brin d’écologie mais surtout des scènes et dialogues improbables entre générations, notamment avec sa petite-fille Jade. Quant au Buzuk, cet attachant teckel est une véritable star et fait également le succès de cette histoire. Une lecture que j’oublierai assez vite cependant.
Ce roman pourrait bien vous plaire si vous aimez la Bretagne et/ou si vous cherchez un roman pour vous détendre.
« Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. »
Parole de zadiste
Incipit :
« Un matin pluvieux de novembre, Joséphine vit s’arrêter une camionnette devant chez elle et quatre individus en descendre. Sans crier gare, ils pénétrèrent dans le jardin. Ils étaient vêtus bizarrement, des tenues moulantes de couloir noir avec des bandes orangées, et c’est seulement lorsqu’elle découvrit ce qu’ils transportaient qu’elle se souvint qu’ils venaient pour le tilleul. Elle s’était enfin décidée à le faire élaguer, ce qui n’avait pas été pour elle une décision facile. »
« Sa mauvaise foi m’a stupéfiée.
– Ah, parce que vous croyez qu’ils ont compris ce message, ces analphabètes, mais ce n’est pas à ces squatteurs antitout que je m’adresse, vous le savez bien, Joséphine ! Vous, vous croyez qu’ils sont venus là pour parler aux mouettes. »
« Alors comme ça, je me serais trompée de cible, je nous aurais jetés dans la gueule du loup. Et le loup, eh bien il faut le voir, le loup. « Nous on pense que la terre n’appartient à personne. » Un Gwenn, l’un des glaneurs de l’autre jour, me désignait le rocher du Guet, sur l’îlot.
– Tu vois ce rocher, là ?
Des jeunes gens grimpaient sur ses parois de tous côtés, d’autres en vas assuraient leur sécurité. Des cordages pendaient de haut en bas.
J’ai failli répondre : « Oui, cette bonne Couette de plumes », mais je m’en serais voulu de faire dérailler son raisonnement par une digression éthérée.
– Eh bien, imagine qu’il est sur une terre que quelqu’un veut acheter, mais le rocher était là des millions d’années avant que tu arrives et il sera là des milliers d’années après toi… A la rigueur, on appartient un court moment au rocher, c’est ça la vérité, c’est à ça que nous croyons. »
« Toujours cette manie typiquement léonarde de faire d’un pet de lapin un tonnerre de Brest. »
« Bien sûr que c’est ridicule, mais qui s’en soucie ? Je trouve que c’est touchant, cette attention ingénue pour une vieille dame, ne pas être considérée comme un croûton tombé derrière une malle. »
« – Madame cherche son chien, un teckel, à la frimousse poilue, ça te dit quelque chose ? Le Buzuk…
– Le Buzuk ? Un petit marron, à poil dur ? Ouais, ça se peut bien, je l’ai vu là-bas, à la Couette de plumes avec les, comment qu’y disent déjà, les zadistes.
– Les ruz-boutou ! (« Traîne-savates », en breton)
– Les altermondialistes, qu’on dit maintenant. »

Un avis sur « Le Buzuk / Marie Kelbert »