Le harem du roi / Djaïli Amadou Amal

Coup de cœur pour ce 3ème roman de Djaïli Amadou Amal publié par les éditions Emmanuelle Collas.

Encore une fois, l’écrivaine camerounaise nous propose de plonger dans les vies de femmes marquées par le patriarcat et les traditions.

Boussoura est heureuse et fière de sa famille. Son mari, Seini, est médecin et féministe. Il est contre la polygamie. Elle est professeure de littérature. Leurs enfants poursuivent des études. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où les obligations familiales de Seini se rappellent à lui. Malgré les réticences de Boussoura, il va accepter de devenir le lamido (le roi), ou pour comprendre son statut, le chef d’un territoire.

Il rassure sa femme, lui dit qu’il ne désire pas d’autres femmes, qu’il ne changera pas. Peu à peu Boussoura voit l’homme qu’elle aime s’éloigner d’elle à cause du protocole. Le poids des traditions et le pouvoir sont plus forts que sa volonté. Jusqu’où Boussoura acceptera-t-elle que son mari renie sa promesse ? A vous de le découvrir en lisant ce très bon roman.

Il aborde la condition féminine à travers le mariage forcé mais aussi l’accès à l’éducation des filles. Djaïli Amadou Amal brosse le portrait des concubines du harem, chacune est touchante. Il y a de la jalousie entre elles. Elles espèrent presque toutes devenir la favorite du lamido.

Cette écrivaine engagée écrit avec sensibilité sur les tabous en Afrique. Une voix bouleversante et essentielle qui vous emportera dans son puissant souffle romanesque.

Je remercie les éditions Emmanuelle Collas pour cette lecture

Note : 5 sur 5.

Incipit :
« Le grand tambour royal, Toumbal, résonne. Un son lourd, monotone, presque lugubre. Boussoura a la pénible impression qu’il retentit dans son cœur. Les griots chantent les louanges du nouveau roi, la ferveur des grands jours de fête. »

« – Moi, je n’ai pas besoin de concubines.
– Quoi ? Dieu nous garde ! Ça ne se fait absolument pas. Il y va de la grandeur de la chefferie et de son prestige. Attendez-vous, dans quelques jours, à ce que les notables esclaves et mêmes d’autres personnes de condition servile vous offrent leurs filles et il est hors de question que vous, le lamido, vous refusiez sous peine de créer un incident.
– Je ne suis pas à l’aise avec cette idée de femmes esclaves. Si je veux une femme, je l’épouse, tout simplement. L’esclavage n’est plus d’actualité aujourd’hui.
Djidda poussa un cri effaré et lui coupa la parole :
– Majesté, vous savez très bien de quoi il s’agit. Avez-vous l’intention de bouleverser les fondements sur lesquels repose la chefferie ? C’est un honneur pour ces gens d’origine servile que leurs filles deviennent des concubines royales. Et, n’oubliez pas, ce sont généralement les princes nés de ces concubines qui ont le plus de chance de devenir les prochains monarques. »

3 commentaires sur « Le harem du roi / Djaïli Amadou Amal »

Laisser un commentaire