Un été grec avec Camus / Dimitris Stefanakis

Imaginez que vous puissiez faire revenir un grand écrivain à la vie et discuter avec lui. Peut-être même qu’il pourrait terminer son roman inachevé, le dernier, celui que vous avez aimé lire et qui est différent de ses autres livres.

C’est le rêve que réalise Ariane au début des années 2000. Albert Camus revient pour un été à Mikonos en Grèce. Elle l’héberge dans l’hôtel tenu par son frère. Différents personnages gravitent autour de lui. Bien évidemment l’anonymat est gardé pour éviter tout problème. 40 ans ont passé depuis sa mort, certaines choses ont évolué. Ce retour inopiné le pousse à quelques réflexions philosophiques.

Les conversations prennent souvent un ton humoristique. Le prix Nobel est un grand séducteur et un éternel adolescent. Il préfère profiter de ce lieu de villégiature plutôt que de répondre à la demande d’Ariane, écrire la fin du roman « Le Premier homme ».

Si vous avez envie d’une lecture estivale qui vous emmène en Grèce et qui parle de littérature ou mieux encore que vous adorez Camus, ce roman est pour vous !

Je remercie les éditions Emmanuelle Collas pour cette lecture amusante qui me permet de cocher la case « littérature grecque » du challenge de l’été VLEEL !

Roman traduit du grec par Vasiliki Loukou avec le concours de Dimitris Stefanakis.

Note : 3.5 sur 5.

Incipit :
« C’était comme s’il eût soudain émergé des flots, au milieu d’un décor éblouissant de mer et de rochers, dans un paysage qu’il n’était pas sûr de reconnaître.
C’est ça, la vraie vie ? se demanda-t-il. L’éternelle lumière ?
Cette lumière, peut-être n’était-elle que l’éclat suscité à sa gauche par ces terres minérales, parsemées de maisons d’une blancheur aveuglante qui faisaient songer à des mouettes prenant leur envol dans ce débordement de soleil. »

« Ici, dans les Cyclades, pierres et sable affirmaient leur présence. Et le sel lui procurait une sensation agréable dont il n’était jamais pressé de s’en débarrasser. »

« Tu parles de notre choc à nous ! pense un peu à Camus. Quarante ans après sa mort, il atterrit à une époque où tout a changé, où il se retrouve entouré d’inconnus à qui il doit faire confiance, qu’il le veuille ou non. Comment te sentirais-tu à sa place ? »

« Autant d’églises que de maisons, fut la première impression qu’eut Camus en 1955, lorsqu’il foula le sol de l’île qui allait devenir pour lui une Ithaque inattendue. Aujourd’hui, les maisons s’étaient multipliées à l’excès au nom du cosmopolitisme qui outrageait arbitrairement l’ascétisme cycladique. Les églises aussi y contribuaient. Elles émergeaient de-ci de-là sur les terres arides de Mykonos, dont les toits rouges ressemblaient à d’énormes coquelicots avec leurs toits rouges. C’étaient souvent des chapelles isolées et pittoresques typiques de campagnes insulaires. »

« Sans doute son existence ressemblait-elle à un texte inintelligible, écrit hâtivement, sans virgules ni points, exactement comme celui du Premier Homme. »

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