Petites choses / Benoît Coquil

Les petites choses sont des champignons que Maria Sabina ramasse à Huautla au Mexique et qui intéressent beaucoup le couple Wasson. Valentina et Gordon Wasson sont des scientifiques férus de champignons. Ils vont étudier les effets des psilocybes, des champignons hallucinogènes dans les années 1950. Maria Sabina, sorte de chamane, organise les séances à la nuit tombée chez elle. En suivant un rituel, elle distribue les champignons par paire, chante et trouve les réponses aux questions de ses invités dans des visions.

Les petites choses, méconnues du grand public, vont faire la une d’un magazine américain et intéresser beaucoup de monde : ceux qui cherchent des réponses, ceux qui fuient la guerre, les curieux, les entreprises pharmaceutiques, etc. Les drogues comme le LSD notamment deviennent le nouveau fléau de l’Amérique.

Si la première partie de ce roman manquait de souffle romanesque, la deuxième partie l’est davantage et m’a plu. C’est un premier roman que je découvre grâce à la sélection des 68 premières fois. On sent l’auteur bien documenté. Il y a de nombreuses références littéraires et musicales. Un roman intéressant mais je n’ai pas eu de coup de cœur pour celui-ci.

Note : 3 sur 5.

Incipit :
« Voici Psilocybe.
Psilocybe qui se tient droit, se dresse sur la terre, pas bien haut.
Psilocybe le discret ne paie pas de mine. Il passe inaperçu. Un corps mince, élancé, fait d’un seul tenant, là-dessus un simple chapeau brun beige terreux, un peu élimé sur les bords. Vous le trouverez le plus souvent près d’un champ de maïs ou bien dans une prairie, à l’abri du soleil. Psilocybe, comme tous les autres, il est là pour quelques jours à peine, après la pluie. Il ne fait que passer.
Pas tape-à-l’œil, Psilocybe. Rien à voir avec Amanita muscaria et son chapeau rouge à pois blancs, tout droit sorti d’un conte pour enfants. »

« C’est un an plus tard, en 1927, au cours de leur voyage de noces, que débute leur passion commune des champignons. Cela, on le sait de source sûre : les Wasson eux-mêmes l’ont écrit dans leurs livres, l’ont peut-être même un peu romancé. Toujours est-il que toutes les notices le répètent à l’identique, à tel point que c’est devenu leur petite légende. Le joli mythe fondateur de leur couple et de leurs recherches. »

« Ça y est, les voilà. Les güeros aux cheveux longs. Les jipis, comme on dira bientôt, avec un j aspiré. Voilà ce jour vers 1962 où ils toquent à la porte entrouverte de chez Maria Sabina. Ils sont venus pour voir, disent-ils. Voir plus loin, grâce à elle, grâce à ses petites choses. Pour ouvrir l’œil et le bon, c’est-à-dire le troisième. Pour forcer les portes de la perception, pour parler à Dieu ou à leurs morts, pour savoir enfin quoi peindre, écrire, chanter. Ils ont un tas de raisons impérieuses d’avoir fait tout ce chemin jusqu’ici, jusqu’à ce petit seuil de pierre et cette porte entrouverte. Elle, de l’intérieur, prend le temps de les dévisager, de plus près cette fois, de scruter chaque détail de ces extravagants sujets, leur corps fin, leurs visages de grands enfants marqués par le voyage, et doucement, sans un mot, ouvre sa porte et les fait entrer. »

2 commentaires sur « Petites choses / Benoît Coquil »

Laisser un commentaire