L’été, période idéale pour se plonger dans un récit de voyage et participer au challenge VLEEL de l’été !
L’auteur est parti à l’âge de 21 ans en Alsaka, seul, pour parcourir 2000km en canoë. Il a beau avoir anticiper beaucoup de choses, la nature lui réserve bien des surprises. Entre la météo capricieuse et la peur de rencontrer un ours, les humains vont se révéler tout aussi surprenants !
Dans son carnet de bord, il raconte avec humour ses préparatifs et son voyage. L’achat d’une arme à feu pour se protéger des ours est une sacrée anecdote. La plupart des gens qu’il rencontre l’aident et l’invitent chez eux, le transportent vers un magasin ou un point d’eau pour se ravitailler. Les soirées finissent souvent très arrosées.
Le danger est omniprésent. On pense à « Into the wild », également cité par l’auteur. La survie peut se jouer à peu de choses. Un bel exploit en tout cas dont je serai incapable.
Au-delà des paysages à couper le souffle, ce sont surtout les rencontres humaines qui marquent dans cette aventure. J’ai apprécié la lecture de ce récit très humain et je me dis qu’une rencontre avec Volodia Petropavlovsky autour de ce livre serait passionnante !
Merci aux éditions Le Mot et le reste pour cette lecture dépaysante
Incipit :
« Franchir une frontière n’est jamais anodin. Surtout chez l’Oncle Sam où, dès la démarcation entre le Canada et l’Alaska franchie en avion, consigne a été donnée par l’équipage de « ne pas avoir d’attitude suspecte et ne pas former de groupes autour des toilettes ». Wilderness ou pas, l’administration a autant de prise dans le Grand Nord que dans n’importe quel autre État américain. »
« Le risque. Il est inhérent à l’aventure. Certains vous diront même à la vie. Ils argumenteront que n’importe quelle conduite dangereuse ne l’est pas plus que d’embarquer dans une voiture ou de traverser la rue à pied. C’est stupide dans un sens et très juste dans l’autre. Si le danger est banal, c’est son acceptation qui fait débat. J’ai choisi de traverser l’Alaska de la même manière qu’un acrobate téméraire évolue au-dessus du sol : sans filet. J’ai l’impression d’être guidé par le principe de ne prendre aucune précaution mais j’en suis conscient et cela me convient. Je cours vers le danger même si je fais tout pour l’éviter au dernier moment : le frisson n’est agréable qu’une fois dépassé. »
« Je n’ai parcouru qu’un tiers de la route alors que l’expédition me semble avoir débuté depuis une éternité. J’éprouve le grand paradoxe du voyageur, celui qui me donne l’impression d’être parti hier mais d’avoir été depuis toujours sur l’eau, celui qui me rend heureux d’être là autant que nostalgique de ma vie d’avant. Le lendemain, je quitte la maison fantôme en repensant à la question de l’homme au chapeau de Nenana : « Pourquoi faites-vous cela ? » On me l’a posée des dizaines de fois. La réponse m’échappe toujours. En guise d’explication, quelques bribes glanées au fil de l’eau : l’Amérindienne aux poissons, le crépuscule sur Healy Lake, le regard de Patrick, les trois oursons et le rire de Bob… »
« La solitude que je vis au quotidien, bien que consentie, est le meilleur chemin vers la sociabilité. Elle m’incite à rechercher la moindre trace de présence humaine. Une simple cabane abandonnée ou un bruit de moteur me rassurent par leur présence. Je parle avec chaque inconnu disposé à échanger quelques bribes avec ce curieux personnage à l’accent français que je suis. »
