Mon mari / Maud Ventura

Un premier roman drôle, multi-sélectionné par des prix littéraires, publié par les éditions L’Iconoclaste, avec un bandeau d’Amélie Nothomb qui dit que c’est « un délice irrésistible », bref je n’ai pas tergiversé très longtemps avant de le commander.

Mais je dois dire que le personnage principal m’a un peu agacée à ne parler que de son mari. « Mon mari » par-ci, « mon mari » par-là ! Heureusement le roman prend une autre tournure à partir du jeudi ! Mais je ne divulgacherai rien !

En incipit, elle nous le dit clairement :

« Je suis amoureuse de mon mari. Mais je devrais plutôt dire : je suis toujours amoureuse de mon mari.
J’aime mon mari comme au premier jour, d’un amour adolescent et anachronique. Je l’aime comme si nous venions de nous rencontrer, comme si nous n’avions aucune attache, ni maison, ni enfants. »

Elle a un amour maladif pour son mari qui la pousse à le surveiller, à interpréter tous ses gestes et ses paroles pour déceler quoi ? peut-être qu’il l’aime plus qu’elle ne l’aime ou l’inverse ! Tout le monde lui dit qu’elle a un mari parfait. Elle lui tend des pièges, imagine des scénarios sur d’hypothétiques fautes, bref elle est « follement amoureuse de son mari » depuis 15 ans. Elle aime surtout l’idée d’être mariée et pense ne pouvoir exister sans ce statut. L’autrice pose quelques questions féministes l’air de rien et nous embarque dans l’histoire de cette femme qui pense tout contrôler dans sa vie.

Quand on regarde la couverture du roman, je trouve qu’elle a un côté « Desperate Housewives ». Sa vie est effectivement comme celle des héroïnes de la série TV : parfaite. Elle est professeure d’anglais en lycée et traductrice.

« Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. Rien en déborde. Aucune incohérence. Aucune manie. »

Le roman est rythmé par les jours de la semaine. Le lundi n’est pas son jour préféré. Chaque jour est associé à une couleur. Son état d’âme varie également en fonction du jour de la semaine, si bien qu’on se demande comment elle sera le dimanche ! La tension monte doucement mais sûrement. On se demande comment va finir cette histoire !

En tout cas le roman se conclut de façon totalement inattendue. C’est original, déroutant mais je n’ai pas hurlé de rire. Je dis souvent que tout le monde n’a pas le même sens de l’humour.
Et vous, avez-vous ri à gorge déployée ou simplement souri comme moi ?

Un très bon premier roman de cette rentrée littéraire.

[Edit du 19/10/2021] Ce roman a reçu le Prix du Premier Roman 2021.

« J’aime nos enfants, c’est une évidence. Je les aime, mais il est également très clair que j’aurais préféré ne pas les avoir. Je les aime, mais j’aurais préféré vivre seule avec mon mari. Aujourd’hui, je crois pouvoir dire avec certitude que je survivrais à la mort de l’un de nos enfants mais pas à celle de mon mari. »

Note : 4 sur 5.

« Mais quand j’ai eu des enfants, je ne suis jamais passée à l’étape suivante. Je n’ai jamais changé de catégorie pour devenir mère.

Alors je fais de mon mieux, mais la plupart du temps je suis trop occupée à être amoureuse pour être une bonne mère. »

3 commentaires sur « Mon mari / Maud Ventura »

  1. Merci Joëlle pour cette belle chronique. Un livre que j’ai aimé pour son humour corrosif. J’ai beaucoup souri mais pas éclaté de rire. J’ai adoré l’épisode de la clémentine. Ce livre aurait mérité une centaine de pages en moins pour paraître moins répétitif et redondant. Un livre à débat qui ne laisse pas indifférent.

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