Broadway / Fabrice Caro

Un auteur connu pour son humour aussi bien en roman (« Le discours ») qu’en BD (alias FabCaro). Il revient en cette rentrée littéraire avec un nouveau roman tout aussi loufoque. Axel, le narrateur et personnage principal, reçoit un courrier de l’Assurance maladie pour un examen de dépistage du cancer colorectal. Seulement ce courrier est habituellement envoyé aux personnes de 50 ans, et lui en a 46. C’est le début d’une longue introspection toujours avec de l’autodérision. En parallèle, il a été convoqué par le lycée de son fils. Ce dernier ayant fait un dessin obscène de sa professeure. Comment aborder le sujet avec son fils ? Il se dégonfle à chaque fois. Bref il est en proie aux doutes, au bord de la dépression et obsédé par cette enveloppe bleue.

Extrait : « Ces derniers temps, je me réveille toutes les nuits à 3h15 du matin pour aller uriner, et je suis chaque fois bluffé par la constance de cet horaire, toutes les nuits, invariablement, 3h15 pile, comme si ma prostate était pourvue d’une horloge interne, comme si j’étais affublé d’une sorte de super-pouvoir, mais un super-pouvoir qui ne servirait pas à grand-chose, on imagine assez mal les studios Marvel en faire une adaptation. La journée, il est Axel, un employé discret et sans histoires, mais dès qu’arrive la nuit, il devient… Urinor ! Le super-héros qui se lève pour faire pipi à 3h15 pile, le monde du crime n’en sortira pas indemne. Cette enveloppe précipite tout, comme un accélérateur de particules, subitement tout se mêle dans un même élan de désagrégation des chairs et des cellules… »

S’ajoute à cela, un projet auquel il n’adhère pas : des vacances à Biarritz avec un couple d’amis pour faire du paddle. Comme à son habitude, il ne dit rien, n’ose pas dire qu’il n’a aucune envie d’y aller. A chaque soirée où ils abordent joyeusement ce sujet, Axel se sent de plus en plus mal.

Extrait : « En rentrant, j’avais tapé paddle sur Google images, et mes appréhensions s’étaient vues confirmées : on me proposait d’aller ramer debout sur une planche en caleçon de bain avec des gens, et je me suis aussitôt vu, le dos courbé sur un paddle qui n’avançait pas, voire reculait, transpirant et rougeaud, le visage grimaçant de douleur et d’effort, tentant de rattraper à vingt mètres devant moi Denis et ses pectoraux fermes et tendus sous le vent océanique. Le soir, à la nuit tombée, autour d’une assiette de bulots dans un restaurant pour touristes, on commenterait avec une fausse bienveillance mes exploits sportifs, peut-être ne serais-je même pas autour de la table pour les commenter avec eux, peut-être serais-je encore sur mon paddle, immobile, voire reculant encore, au milieu de l’océan, ma silhouette découpée sous la lumière blanche de la lune. Mais au fait, où est Axel ? Anna, écoute, on ne savait pas comment te l’annoncer mais… voilà, il est retourné vivre parmi les dauphins… Ne pleure pas, c’était son destin, la mer c’était toute sa vie, son élément, tu dois l’accepter. Générique de fin, musique synthétique, un film de Luc Besson. »

En cette période de confinement, nul doute que ce livre devrait être prescrit à tout le monde pour piquer quelques bons fous rires.

Note : 4 sur 5.

4 commentaires sur « Broadway / Fabrice Caro »

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